mercredi, mai 8
Des membres de la Confédération paysanne, chez Lactalis, à Laval, le 21 février 2024.

« J’ai arraché une partie de mon verger bio », témoigne Joachim Gaignon, arboriculteur installé sur 30 hectares à Varennes-sur-Loire (Maine-et-Loire). « Le coût de production de mes pommes gala bio est au-dessus de 1 euro le kilo, quand mon prix de vente est en dessous de 50 centimes le kilo », constate, amer, l’agriculteur dont la production est très centrée sur la variété Pink Lady cultivée en conventionnel, et qui souhaitait se diversifier. Un exemple de la crise qui continue de secouer l’agriculture biologique française depuis maintenant plus de deux ans.

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La filière laitière avait été une des premières à tirer le signal d’alarme. « Nous avons déclassé, c’est-à-dire vendu du lait bio en conventionnel, 15 % de nos volumes en 2022, puis 28 % en 2023, et le niveau devrait être identique cette année », affirme Nathalie Delagnes, éleveuse dans l’Aveyron avec 50 vaches laitières et présidente de la coopérative Biolait, qui collecte sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, elle souligne qu’avec un prix du lait conventionnel bien valorisé en 2023, le choc a été un peu amorti pour les éleveurs. « Nous avons atteint un prix de 482 euros la tonne toutes primes confondues. Mais le contexte est moins favorable en 2024 », ajoute-t-elle. Les volumes, eux, sont en forte décrue.

La crise s’est progressivement étendue aux autres filières : œufs, poulets, fruits et légumes et même céréales. « L’impact a vraiment été ressenti pour nous en 2023. Les céréales bio ont perdu 150 euros la tonne en un an. Le prix des œufs baisse également. Cela représente au total 35 000 euros de moins pour notre exploitation. Cela fait vingt-cinq ans que je suis agriculteur, et je n’ai jamais connu une baisse aussi importante », témoigne Philippe Henry, qui produit céréales, pommes de terre et œufs, en Meurthe-et-Moselle. A cela s’ajoute un moindre versement des aides de la politique agricole commune (PAC). « Dans la nouvelle PAC, l’écorégime était fixé à 110 euros par hectare. Finalement, nous avons touché 90 euros par hectare. »

« Les montants proposés ne sont pas à la hauteur de la crise »

Dans ce contexte de crise inédite, le gouvernement a longtemps fait la sourde oreille. Il a fallu attendre le dernier salon de l’agriculture, en 2023, pour que l’ancienne première ministre Elisabeth Borne consente à attribuer une maigre enveloppe de 10 millions d’euros. Puis, au gré des mois, le montant total des aides a atteint 90 millions d’euros en fin d’année, et le budget de communication de l’Agence Bio a été abondé.

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