vendredi, mai 10

Lors d’un discours dans une université de la capitale, le gouverneur de la Banque de France a taclé le dérapage du déficit en 2023.
Il a enjoint le gouvernement de Gabriel Attal de s’occuper « enfin sérieusement des dépenses » publiques.

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Le gouvernement dans le viseur. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a estimé ce jeudi que le dérapage du déficit en 2023 imposait de s’occuper « enfin sérieusement des dépenses » publiques, après « quinze ans » sans que « les gouvernements tiennent (…) leurs engagements« . « Voilà quinze ans que notre pays et ses gouvernements successifs ne tiennent pas leurs engagements pluriannuels de redressement » des comptes publics, a regretté le gouverneur lors d’un discours à l’université Paris Dauphine. 

La dégradation du déficit en 2023, qui a atteint 5,5% du PIB au lieu des 4,9% prévus par le gouvernement, « ne signifie bien sûr pas la faillite de la France« , rassure-t-il cependant, mais elle appelle à un « impératif ». Il faut s’occuper « enfin sérieusement des dépenses » publiques, a martelé François Villeroy de Galhau. Et ce, « avant de prendre des décisions éventuellement nécessaires sur les impôts », a-t-il estimé, en référence aux récentes propositions visant à taxer les « superprofits » des entreprises ou à procéder à des hausses d’impôts ciblées.

Malgré le dérapage de 2023, le gouvernement a maintenu son objectif de ramener le déficit public en dessous de 3% du PIB en 2027, comme promis à ses partenaires européens. Pour y parvenir, il compte réaliser un nouveau tour de vis budgétaire. Dix milliards d’euros d’économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncées pour 2025. Mais des « économies supplémentaires » seront nécessaires, assure le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.

Arriver à « une stabilisation »

« Je crois profondément au modèle social européen mais il nous coûte en France environ dix points de PIB de plus que nos voisins européens : 58 contre 48 en pourcentage du PIB », a fait valoir François Villeroy de Galhau, soulignant que les dépenses publiques en volume « pourraient encore augmenter de plus de 2% en 2024« , selon des projections de la Cour des comptes. « Il est plus que temps, non pas de décréter l’austérité et la baisse générale des dépenses, mais d’arriver à cette stabilisation générale en volume », a détaillé le gouverneur de la Banque de France. « Cela suppose un effort de priorisation et d’efficacité, juste et partagé par tous: État, mais aussi collectivités locales et prestations sociales »

Les parlementaires de la majorité et de l’opposition étaient invités jeudi au ministère de l’Économie et des Finances pour proposer des pistes d’économies. Une seconde réunion à Bercy est annoncée pour le 9 avril, afin cette fois de chercher avec les associations d’élus locaux des pistes d’économies au sein des collectivités territoriales.


Antoine LLORCA avec l’AFP

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