dimanche, avril 28

Pour l’heure, aucune contamination n’a été observée chez l’être humain, mais les scientifiques étudient de près l’évolution de la maladie. Depuis plusieurs années, de nombreux spécialistes des mammifères s’inquiètent de la propagation massive d’une affection touchant les cervidés : la maladie du dépérissement chronique (MDC), également surnommée « maladie du cerf zombie ».

Comme l’explique un article de The Conversation paru ce lundi 19 février, cette maladie dégénérative attaque le système nerveux central des animaux infectés et provoque « une myriade de symptômes tels que la léthargie, des pertes d’équilibre, de la bave et un regard vide ».

Une maladie « résistante aux méthodes de désinfection traditionnelles »

« La MDC des cervidés endommage des parties du cerveau et provoque généralement un déclin progressif de l’état corporel, des changements de comportement, une salivation excessive et finalement la mort », complète un article du département de la santé de l’Etat de New York datant de 2011.

D’après les différentes sources scientifiques, la « maladie du cerf zombie » serait causée par un prion, une forme altérée de protéine qui peut contaminer les autres protéines « normales » du même type présentes dans l’organisme. The Conversation précise que ce type d’infection est particulièrement préoccupant, car les maladies à prion « peuvent persister dans l’environnement pendant des années et sont notoirement résistantes aux méthodes de désinfection traditionnelles ».

Comparable à la maladie de la vache folle ?

Encore plus inquiétant, ce type de maladie dégénérative est potentiellement transmissible à l’homme, à l’instar de la tristement célèbre maladie de Creutzfeld-Jacob chez les bovins. Dans les années 1990, l’épidémie de ce qui avait été surnommé « maladie de la vache folle » au Royaume-Uni avait provoqué pas moins de 178 morts humaines et l’abattage de plusieurs millions d’animaux.

Dans le cas présent, la contamination du cervidé à l’homme n’a pour le moment jamais été observée en conditions réelles. Cependant, des études en laboratoire ont montré que la MDC pouvait infecter des cellules humaines et s’y propager. Les spécialistes mondiaux des maladies à prion continuent donc de suivre avec une attention toute particulière son évolution.

Des cas observés en Europe du Nord depuis 2016

A l’inverse de la maladie de Creutzfeld-Jacob, qui affectait des animaux d’élevage, la MDC touche toutefois des animaux sauvages, ce qui complique le traçage de sa propagation. The Conversation indique ainsi que la présence de la maladie a récemment été identifiée « dans plus de 800 échantillons de cerfs, d’élans et d’orignaux dans le seul Etat du Wyoming (Etats-Unis) ».

D’abord repérée sur le continent nord-américain au début des années 2010, la MDC a depuis traversé l’océan Atlantique et se répand en Europe du Nord. En Norvège, de premiers cas ont été observés en 2016 et le gouvernement a depuis mis en place un dispositif pour surveiller les populations de cervidés.

Entre 7000 et 15000 animaux infectés ont été consommés par des humains en 2017

Dans ce contexte, le risque d’une propagation à l’homme n’est donc pas à négliger, d’autant que les cervidés constituent bien souvent des proies pour les chasseurs. Selon The Conversation, plusieurs rapports ont ainsi estimé qu’entre 7000 et 15000 animaux infectés avaient été consommés par des humains en 2017, avec une augmentation annuelle de 20% projetée pour les années suivantes.

Au-delà du risque sanitaire pour l’homme, les scientifiques s’inquiètent également des effets délétères de cette épidémie sur les écosystèmes forestiers d’Europe et d’Amérique du Nord. Dans le cas où la MDC continuerait de se propager et décimerait les populations de cervidés, de nombreux équilibres naturels pourraient en effet être rompus, avec des conséquences désastreuses pour la biodiversité.

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