lundi, mai 13

La Bibliothèque nationale de France vient de retirer quatre livres anciens datant du XIXe siècle de ses étagères.
La raison ? La présence d’arsenic, un poison utilisé à l’époque pour la couleur verte qu’il donnait aux ouvrages.
À moins d’un contact prolongé, il serait peu dangereux pour la santé, mais les experts appellent à la méfiance.

Attention, lecture dangereuse ! Après l’Allemagne, qui a mis en quarantaine quelque 15.000 titres en mars dernier, la Bibliothèque nationale de France (BnF) annonce avoir retiré quatre livres de ses étagères pour le même motif : la présence d’arsenic sur leur couverture, leur tranche, mais aussi leur page de garde. Selon les études réalisées par un programme de recherche germano-américain appelé Poison Book Project, cette substance toxique était utilisée entre les années 1790 et 1880 en raison de la couleur verte qu’elle donnait aux ouvrages. 

Dans les pays anglophones où elle était utilisée, en Allemagne et aussi en France, on parlait de « vert de Paris » ou de « vert de Schweinfurt » (une ville de Bavière où elle était commercialisée – ndlr). Aucune malveillance, donc, même si d’après le magazine Géo, elle était également utilisée dans les égouts de la capitale pour tuer les rats. En raison de sa dangerosité, elle ne sera plus utilisée à partir de la fin du XIXᵉ siècle. Mais les livres concernés ont continué à circuler.

Risques d’étourdissements, de crampes et de diarrhées

Les quatre ouvrages identifiés par la BnF ont en commun d’avoir été imprimés en Grande-Bretagne. Ce sont deux tomes de ballades irlandaises rassemblées par Edward Hayes en 1855, une anthologie bilingue de poésie roumaine publiée par Henry Stanley en 1856, et un recueil des travaux de la Société royale d’horticulture britannique concernant la période 1862-1863. D’après l’établissement culturel, ils sont très peu consultés. Sont-ils nocifs pour la santé ? 

D’après Jean-Claude Alvarès, directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches (Hauts-de-Seine) interrogé par Le Parisien, la quantité d’arsenic sur ces livres est faible. Mais il existe un risque « en cas de contact prolongé, régulier ou répété », la substance ne se dégradant pas avec le temps. Celui ou celle qui l’inhale ou humidifie ses doigts après avoir touché les pages risque des étourdissements, des crampes d’estomac, voire des diarrhées.

La Bnf ne serait pas la seule bibliothèque parisienne, voire française, concernée. Début avril, le syndicat SNPTES-Unsa a écrit au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pour lui demander d’engager « une action d’inventaire et de mise en quarantaine » auprès des bibliothèques universitaires et des centres de documentation dont il a la responsabilité. Elle a déjà commencé à la Sorbonne, où 70 volumes datant de l’époque concernée ont été identifiés.


Jérôme VERMELIN

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