De légume oublié à star d’Halloween, la citrouille fait un retour en force dans l’assiette des Français.
La célèbre « Jack’o Lantern », emblème de la campagne commerciale qui entoure cette grande fête de l’épouvante, a vu sa surface cultivable quasiment doubler en 10 ans.
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Halloween : la fête pour jouer à se faire peur
Des milliers de citrouilles évidées vont grimacer partout en France jusqu’au 31 octobre. Ces courges bien rondes, les « Jack’o Lantern (nouvelle fenêtre)« , sont désormais les meilleurs symboles de la grande campagne commerciale qui entoure la célébration d’Halloween (nouvelle fenêtre). Mondialisation des traditions et aubaine commerciale, cette fête au folklore réinventé, très populaire en Amérique du Nord, est présentée comme le rendez-vous de nos ancêtres les Gaulois avec l’autre monde. Et comme chaque année à l’automne, les cucurbitacées colorées réapparaissent en masse dans les vitrines, tandis que grandes surfaces et jardineries multiplient les animations autour de la nuit d’Halloween.
À l’origine, les Celtes célébraient, autour d’un banquet, le retour de la saison froide et des esprits des morts. Les Américains auraient adopté au XVIIIe siècle ces coutumes apportées d’Europe par des immigrants irlandais, le jour précédant la Toussaint (en ancien anglais, « All Hallow’s Eve »). Et qui dit Halloween, dit citrouille. Mais pour l’anecdote, c’était le navet qui était le légume choisi traditionnellement pour être sculpté. Dorénavant, c’est dorénavant la citrouille qui est mise en majesté. Et pas n’importe laquelle. Dans son sillage, un nouveau débouché s’est créé pour les producteurs français de courges, qui profitaient déjà d’un grand attrait pour les coloquintes non comestibles et autres légumes « oubliés ».
À la Ferme de la Motte, entre Orléans et Blois, 10.000 à 15.000 citrouilles sont produites chaque année, sur une surface de 3 hectares. « On s’est lancés dans la variété Jack’o Lantern il y a une vingtaine d’années à la demande d’une enseigne de la grande distribution« , raconte à TF1info Julien Lemaire, dirigeant associé de la Ferme de la Motte. « On a repris la production en 2021, un célèbre parc d’attractions nous avait contactés pour l’utiliser en tant que décoration et pour des animations. Depuis, les ventes ont progressé de 160% au moment d’Halloween, en intégrant les coloquintes« , indique ce producteur.
2024, année noire pour la citrouille d’Halloween
La ferme de la Motte vend la quasi-totalité de sa production à une grande enseigne. « Cette année, 80% de notre production a servi à alimenter les magasins d’une enseigne de jardinerie, le reste est allé à des clients spécialisés dans le bio et à des grossistes« , poursuit-il. Pour prétendre au titre de citrouille d’Halloween, la courge doit avoir une hauteur d’au moins 25 centimètres. « C’est le calibre phare, le plus recherché« , souligne le producteur. Quant au prix, comptez autour de 10 euros la pièce, une fois en magasin.
« Du point de vue financier, c’est une culture qui est intéressante, reprend Julien Lemaire. Le prix de vente des citrouilles est relativement élevé, mais cela requiert de gros investissements, car tout est fait manuellement. On sème en mai après les Saints de glace et on récolte ensuite au mois de septembre. Cette année, à cause des mauvaises conditions climatiques, la récolte n’a pas été très bonne. La courge a besoin de chaleur pour grossir. » Pas de quoi engendrer pour autant une pénurie dans les magasins. Ouf ! Halloween est sauvé.
Un retour en force dans l’assiette des Français
Tirant parti du succès grandissant de la fête d’Halloween en France, la production de courges, citrouilles et potirons est passée de 120.000 à plus de 200.000 tonnes, soit une hausse de +75% en dix ans, selon les chiffres de l’Interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), joint par TF1info. « En 2013, environ 4000 hectares étaient cultivés en France métropolitaine. En 2023, on est passé à quasiment 8000 hectares. Soit un doublement des surfaces cultivées en dix ans« . La France est aujourd’hui le deuxième producteur européen de courges et potirons, derrière la Pologne.
Ces légumes sont de plus en plus prisés des consommateurs. Aujourd’hui, 40% des ménages consomment de la citrouille ou du potiron au moins une fois par an à domicile, alors qu’ils n’étaient qu’en 2013, selon le cabinet Kantar. En 2023, chaque ménage français en a consommé 1,6 kilo, contre moins de 1 kilo dix ans plus tôt. Avec des ventes qui ont augmenté en volume de plus de 70%, et de plus de 90% en valeur, la filière se porte à merveille. Un retour en grâce que ce fruit que l’on consomme comme légume doit en grande partie à Halloween. L’an dernier, le marché mondial de la citrouille était estimé à 23,5 milliards d’euros par le cabinet IndexBox. Un chiffre qui ne cesse de progresser année après année.