dimanche, avril 28

Sandra P., 30 ans, a été tuée le 2 juillet 2021 à Bordeaux par son ex-conjoint.
Pendant des mois, elle avait alerté les services de police et de justice du danger qu’elle encourait.
Deux ans et demi après sa mort, la famille de la victime a décidé d’assigner l’État pour faute lourde.

Pendant des mois,  elle avait donné l’alerte détaillant son cauchemar à la police et à la justice… en vain. Le 2 juillet 2021, Sandra P., 30 ans, a été tuée à l’arme blanche dans le salon de sa maison à Bordeaux (Gironde) par son ex-conjoint, Mickaël F. qui lui a porté des coups mortels, notamment au niveau du cou.  

Deux ans et demi après ce féminicide, la famille de la jeune femme, maman d’une fillette à l’époque âgée de 4 ans, a décidé d’assigner l’État en justice pour faute lourde. « Il y a eu un dysfonctionnement clair de l’État. On n’a pas vraiment pris la mesure de la gravité des faits qui pourtant étaient clairement dénoncés », dénonce l’avocate de la famille de Sandra P., Elsa Crozatier, au micro de France Inter qui révèle cette assignation ce mardi. Contacté par TF1info ce mardi matin, le conseil de la famille de Sandra n’avait pas pour l’heure donné suite à notre demande. 

Violences et harcèlement

Selon les proches de Sandra P., le couple battait de l’aile depuis 2018. La situation se serait aggravée fin 2020. La nuit du réveillon, Mickaël F. serait devenu violent, bousculant Sandra P. et se fracassant une bouteille de vin sur la tête. Immédiatement, Sandra P. avait déménagé avec l’aide de ses parents. 

Le 6 janvier 2021, la jeune femme avait porté une plainte pour violences conjugales mais n’avait obtenu aucune réponse pénale. Le 24 février 2021, elle avait déposé une demande d’ordonnance de protection auprès du Juge aux Affaires familiales de Bordeaux mais sa requête avait été rejetée une semaine plus tard. Sa deuxième plainte déposée fin mars 2021 pour harcèlement avait été refusée au profit d’une main courante….

Outre ses appels au secours auprès de la justice et des forces de l’ordre, Sandra avait aussi tenté d’alerter le procureur et le président de la République, Emmanuel Macron, dans une lettre. « Il est certain que je ne tiendrai pas longtemps dans ces conditions, et je crains le pire des dénouements sans votre intervention », écrivait-elle.  Le 15 avril, le parquet de Bordeaux avait ordonné une enquête sociale. 

Il était ressorti libre de sa garde à vue

L’enfer n’a pourtant jamais cessé : pendant les six mois qui séparent la séparation du couple et la mort de la jeune femme, Sandra a été épiée, suivie, harcelée, ciblée par des appels malveillants de son ex. 

Placé en garde à vue le 29 juin 2021 après une plainte pour harcèlement téléphonique, Mickaël F. en est ressorti libre sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec la victime. Moins de 36 heures plus tard, il se cachait dans le jardin de Sandra, avant de la surprendre chez elle, de la tuer alors que leur fille était à l’école et de prendre la fuite. 

Mickaël F. avait été interpellé peu après par les policiers d’élite du Raid dans son appartement de Mérignac, à quelques centaines de mètres du domicile de son ex-conjointe, où il s’était retranché, menaçant de se suicider.  Son casier judiciaire mentionnait six condamnations prononcées entre 2004 et 2009 pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et des infractions routières, mais « il n’a jamais été condamné pour des faits de violences », avait indiqué à l’époque le parquet. 

Mickaël F. doit être jugé aux assises de la Gironde pour ces faits le 4 décembre 2024.


A.S

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