mercredi, mai 8

Loin des capitales européennes où son apparition, à l’été 2022, avait affolé les esprits, le virus mpox (pour « monkeypox », la variole du singe) continue de se répandre en Afrique centrale. Dans le pays le plus touché, la République démocratique du Congo (RDC), le nombre de contaminations a été multiplié par trois depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2023, avec 4 500 cas dont 300 décès, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une envolée que les autorités espèrent contenir en accélérant la vaccination et la prescription d’antiviraux.

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A l’issue d’une réunion régionale d’urgence qui s’est achevée samedi 13 avril au soir, les autorités sanitaires congolaises vont donc procéder à l’homologation d’urgence de deux vaccins qui ont déjà fait leurs preuves pour les enfants comme pour les adultes : le LC16m8, élaboré au Japon, et le MVA-BN, du laboratoire danois Bavarian Nordic.

Sur le volet du traitement, s’inspirant de la crise Ebola qui avait endeuillé plusieurs pays du continent, le ministre congolais de la santé, Roger Kamba, a également annoncé que l’antiviral spécifique Tecovirimat allait obtenir une autorisation de mise sur le marché « sous circonstances exceptionnelles » dans les trois mois, afin de pouvoir être administré sur le terrain par tous les acteurs de la santé, ONG comprises.

Organisée par l’agence panafricaine de santé, le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC Africa), la conférence de deux jours avait également pour but de créer un comité de pilotage incluant les pays d’Afrique centrale et d’Afrique l’Ouest concernés par l’épidémie ou susceptibles de l’être.

Fièvre, diarrhées et éruptions cutanées

Depuis le début de l’année, la RDC fait face à l’accélération de la propagation du virus, notamment dans l’est du pays, déchiré par les combats qui opposent l’armée régulière et ses alliés miliciens aux rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), épaulés par l’armée rwandaise. D’après le CDC Africa, plus de 19 000 cas ont été enregistrés entre février 2023 et février 2024, dont 1 000 décès, les enfants de moins de 5 ans représentant un décès sur dix. Les chercheurs sont particulièrement inquiets de l’émergence d’une transmission plus majoritairement sexuelle, notamment par le biais de la prostitution, et de la forte mortalité qui touche les enfants jusqu’à 15 ans.

Le virus, découvert en 1958 à Basankusu, dans la province congolaise de l’Equateur, a ressurgi en RDC en 2017, d’où il s’est progressivement répandu en Afrique, avant de gagner l’Europe et l’Amérique du Nord, poussant l’OMS à déclarer l’épidémie « urgence de santé publique » en juillet 2022.

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La maladie, qui se manifeste par des poussées de fièvre, des diarrhées et des éruptions cutanées, est particulièrement « stigmatisante, invalidante et appauvrissante », a tenu à rappeler la directrice de l’OMS pour l’Afrique, la docteure Matshidiso Moeti, qui a indiqué que des kits de dépistage ont été distribués en nombre et que les moyens doivent encore être accrus pour accélérer le dépistage et le séquençage du virus. L’engagement communautaire doit également être renforcé et « un travail de pédagogie devra être mené afin de contrer la désinformation en nous nourrissant de l’expérience du Covid », a-t-elle ajouté.

« L’ambition du CDC Africa est de collectivement passer des discours aux actes pour cette épidémie qui tue depuis trop longtemps, explique au Monde Jean Kaseya, le patron de l’agence continentale. Et que les décisions qui sont prises reposent sur les réalités scientifiques. C’est le travail de conviction des chercheurs qui ont présenté leurs travaux qui a emporté l’adhésion. L’Afrique doit parler d’une même voix. »

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« La RDC a su saisir ce moment crucial pour accélérer la réponse à une épidémie dont l’ampleur nous oblige à la mobilisation générale », a de son côté salué Emmanuel Lampaert, coordinateur des missions de Médecins sans frontières (MSF) en Afrique centrale.

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