lundi, mai 6

La capitale de la Catalogne a mis en place le dispositif « No Callem » qui renforce la lutte contre les violences sexuelles.
Boîtes de nuit, police, municipalité… Tous les acteurs du monde de la nuit sont mobilisés.
Avec des résultats encourageants selon la municipalité de Barcelone.

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LE WE 20H

Le monde de la nuit mobilisé pour lutter contre les violences sexuelles. En Espagne, depuis 2018, la ville de Barcelone a mis en place un système inédit pour mettre fin à ces agressions sur la voie publique et dans les établissements de loisir. Car dans la capitale de la Catalogne, devenue l’un des lieux les plus prisés des fêtards européens, près de 400.000 femmes ont subi une agression sexuelle en 2021, selon les chiffres de l’université de Barcelone. Appelé « No Callem » (« Ne nous taisons pas », en français), le système mobilise tous les acteurs de la nuit pour mieux protéger les populations vulnérables. 

Depuis six ans, des policiers spécialement formés à ces délits spécifiques patrouillent ainsi chaque soir devant les bars et les boîtes de nuit de la ville. Ils sont 16 à composer cette unité, et surveillent près de 40 établissements. Une présence qui rassure les Barcelonaises. « Tu te sens beaucoup plus en sécurité. S’il se passe quoi que ce soit, tu sais que tu peux leur dire. J’ai eu une expérience un peu traumatisante, une inconnue s’est fait embêter devant moi, et la police est arrivée très rapidement après avoir été prévenue », raconte une jeune femme au micro de TF1.

L’affaire Dani Alvez

Et ces patrouilles ne sont que l’une des faces du dispositif « No Callem ». Les gérants de boîte de nuit se sont également investis dans le projet et ont renforcé la sécurité dans leurs établissements. C’est le cas du Razzmatazz, la plus grande discothèque de Barcelone, que l’on découvre dans le reportage du 20H en tête de cet article. Cinq salles, 3.000 personnes sur les dance floors, et pas moins de 35 vigiles, tous formés désormais à détecter les comportements suspects. « On est d’abord vigilant quand on voit des clientes seules, mais aussi des femmes dont les comportements pourraient laisser croire qu’elles ont été droguées« , explique Jaime Ginesta, directeur de la sécurité de l’établissement. Un nouveau dispositif qui a changé sa façon d’exercer son métier : « Clairement, avant, tant qu’il n’y avait pas de bagarre, on ne faisait rien, mais maintenant tu dois tout le temps surveiller », raconte-t-il. 

Et si l’agent de sécurité détecte une agression ou si une cliente vient de plaindre, il la conduit immédiatement à Pau Lavado, psychologue et conseiller en matière d’égalité. Il a été spécialement recruté par le club et a pour mission de recueillir le témoignage des plaignantes dans une salle à l’abri des regards, en compagnie d’une infirmière. « Ici, elles se sentent plus tranquilles, c’est un espace sûr pour elles, pour qu’elles puissent s’exprimer sereinement », détaille-t-il. Pendant ce temps, les vigiles sont chargés de retenir l’agresseur jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre.

Un système qui semble fonctionner : selon la direction du Razzmatazz, chaque soir, trois femmes en moyenne sont prises en charge par le psychologue. C’est ce dispositif qui a d’ailleurs permis de traduire en justice le footballeur brésilien Dani Alves, depuis condamné pour le viol d’une jeune femme dans les toilettes d’une boîte de nuit de Barcelone en 2022. La victime avait utilisé le protocole « No Callem » pour avertir la sécurité de l’établissement, et avait été rapidement prise en charge après son agression. 

Face à ces résultats, le dispositif a déjà inspiré d’autres pays à travers le monde. En décembre dernier, le Brésil a adopté la loi « Non, c’est non » pour le carnaval de Rio. Un texte qui établit un protocole obligatoire dans les lieux de divertissement, afin de protéger les victimes d’agression, d’encourager le signalement et de préserver d’éventuelles preuves.


La rédaction de TF1info | Reportage : Julien Cressens, Baptiste Sisco

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