mercredi, mai 8

Une élection peut en cacher une autre. En pleine campagne des européennes (le scrutin aura lieu le 9 juin prochain), des élections régionales anticipées auront lieu en Catalogne, le 12 mai. Un scrutin qui va maintenir la question catalane au coeur du débat politique espagnol, à l’approche des européennes. 

En mars dernier, les députés espagnols ont voté en faveur d’une loi d’amnistie des indépendantistes catalans impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Parmi eux, un certain Carles Puigdemont, ancien président de la Catalogne et artisan de cette déclaration d’indépendance, déclarée illégale et inconstitutionnelle par la justice espagnole. Carles Puigdemont qui depuis, s’était réfugié à Bruxelles sous la protection de son mandat d’eurodéputé, se prépare à revenir sur la scène politique catalane, grâce à cette loi d’amnistie. 

Une loi d’amnistie en échange d’un soutien politique

Cette loi d’amnistie est le fruit d’un compromis politique scellé l’été dernier entre le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, qui n’avait pas de majorité assez large après les élections, et les indépendantistes catalans qui ont échangé leur soutien au gouvernement de gauche contre ce texte. 

Une manoeuvre qui a indigné une partie de l’opinion publique espagnole, y compris parmi les électeurs de gauche, et déclenché les foudres des oppositions de droite (Parti populaire) et d’extrême droite (Vox) en Espagne. Ces derniers ont saisi les institutions européennes pour dénoncer cette loi d’amnistie qu’ils jugent contraire à l’Etat de droit et à l’indépendance de la justice. “Je suis convaincu que la justice européenne va se prononcer contre cette loi d’amnistie. En 2019, il y a eu un précédent avec une loi d’amnistie similaire en Roumanie”, rappelle Antonio Lopez Isturiz White, eurodéputé espagnol, du Parti populaire européen, et du Parti populaire espagnol, interrogé dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. 

L’Union européenne interpellée sur le respect de l’Etat de droit en Espagne

Les droites espagnoles ont demandé à la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen de placer l’Espagne sous procédure de surveillance des règles de l’Etat de droit, comme elle l’a fait pour la Hongrie de Viktor Orban. Une requête à laquelle elle n’a pas accédé. 

“Ursula Von der Leyen et d’autres, qui s’inquiétaient à longueur de discours du bon respect de l’Etat de droit en Hongrie et en Pologne, assistent maintenant en Espagne à un coup d’Etat des plus choquants, du Premier Ministre socialiste Pedro Sanchez, des séparatistes catalans et d’autres groupes, qui s’allient contre à la loi espagnole et la Constitution espagnole. Et ce sans que rien ne se passe !”, s’indigne l’eurodéputé espagnol Hermann Thertsch, eurodéputé du parti d’extrême droite Vox. 

“On ne peut pas laisser dire n’importe quoi” a réagi sur le plateau Lina Galvez Munoz, eurodéputée espagnole socialiste. “Cette loi d’amnistie est parfaitement respectueuse de la Constitution espagnole et des règles de l’Etat de droit en Europe. L’important c’est qu’en 2024, les citoyens de Catalogne vivent mieux au sein de l’Espagne qu’en 2017.”

L’avenir politique de Pedro Sanchez en question

L’avenir de l’alliance politique entre Pedro Sanchez et les indépendantistes laisse sceptique, le gouvernement espagnol ayant été obligé de renoncer au vote du budget 2024, en l’absence d’accord budgétaire avec les nationalistes catalans, en pleine campagne électorale. “Cette alliance ne va nulle part”, estime Antonio Lopez Isturiz White. “On peut accepter la diversité régionale, un nationalisme modéré respectueux de la Constitution, mais ces partis indépendantistes vont trop loin.”

Ces derniers jours, l’horizon du gouvernement de Pedro Sanchez s’est obscurci, pour une autre raison : une enquête judiciaire visant la femme du Premier ministre pour des accusations de corruption. Très affecté par cette affaire, Pedro Sanchez a évoqué mercredi devant les députés espagnols qu’il pourrait songer à démissionner. 

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