lundi, mai 20

Alstom a traversé des périodes plus critiques, comme sa quasi-faillite en 2003-2004 ; il a aussi connu des périodes plus fastes. Handicapé par des difficultés industrielles et fragilisé par un manque de trésorerie, le numéro deux mondial de la construction ferroviaire, derrière le chinois CRRC, a annoncé, mercredi 8 mai, une nouvelle perte de 309 millions d’euros, après 132 millions en 2022-2023, pour son exercice décalé avril 2023-mars 2024. Pour éviter une dégradation des agences de notation et réduire sa dette de 3 milliards, il a aussi annoncé un « plan de désendettement » de 2 milliards d’euros, prévoyant une recapitalisation, des ventes d’actifs, 1 500 suppressions d’emplois administratifs et commerciaux (sur 79 000) et un gel du dividende au titre de l’exercice 2023-2024.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Alstom, en mal de trésorerie, continue d’engranger les commandes

Le conseil d’administration, réuni mardi 7 mai, a décidé une émission obligataire hybride de 750 millions d’euros et une augmentation de capital d’environ 1 milliard – exécutée d’ici à la fin septembre – « avec maintien des droits préférentiels de souscription » pour les actionnaires actuels. La Caisse de dépôt et placement du Québec et Bpifrance vont souscrire au prorata de leur part de 17,1 % et 7,5 %. La cession à l’allemand Knorr-Bremse de la signalisation aux Etats-Unis (630 millions d’euros) et celle des 20 % détenus dans le russe TMH (75 millions d’euros) vont également faire rentrer des liquidités.

Si sa situation de trésorerie est tendue, le groupe est soutenu par un contexte de très forte demande de moyens de transport sur tous les continents. Le chiffre d’affaires a atteint 17,6 milliards d’euros (9,1 milliards d’euros pour le matériel roulant) et le ratio commandes sur chiffre d’affaires, indicateur-clé du secteur, s’établit à 1,1. En douze mois, Alstom a en effet enregistré 18,9 milliards d’euros de commandes (trains, métros, tramways, signalisation, services de maintenance…), portant son carnet au niveau historique de 92 milliards d’euros. Il affiche un résultat d’exploitation de 997 millions d’euros (+ 17 %) et une marge de 5,7 %.

« Un problème d’inventaire »

Mais Alstom ne parvient pas à faire entrer de l’argent dans ses caisses en raison de retards de ses livraisons, d’une montée en cadence de l’activité nécessitant des ressources financières avant paiement et des « contrats non performants » découverts dans le portefeuille de Bombardier Transport. « Nous avions un problème d’inventaire, avec trop de stocks de trains non livrés, et des arriérés de paiement clients trop élevés », explique son PDG, Henri Poupart-Lafarge, dans Le Figaro du 8 mai.

Il vous reste 57.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version