dimanche, avril 28
Johan Floderus, un diplomate suédois travaillant pour l’Union européenne emprisonné en Iran, au tribunal de Téhéran, le 10 décembre 2023.

Elle porte un « J », pour Johan, autour du cou. Lui consigne leur quotidien dans un journal qu’il compte offrir à son fils, quand il rentrera. Depuis bientôt deux ans, Kerstin et Matts Floderus luttent pour ne pas se laisser engloutir par « l’enfer » qui a envahi leur vie. Le 17 avril 2022, leur fils, Johan, fonctionnaire européen alors âgé de 31 ans, a été arrêté à l’aéroport de Téhéran, alors qu’il venait de passer des vacances en Iran avec des amis. Accusé d’espionnage au profit d’Israël, il vient d’être jugé lors d’une parodie de procès au terme duquel le procureur a réclamé la peine de mort, le 28 janvier.

Comme lui, une trentaine d’Occidentaux – dont quatre ressortissants français – sont détenus à la tristement célèbre prison d’Evin. La plupart sont des victimes de la « diplomatie des otages », pratiquée par Téhéran, qui espère obtenir des contreparties en échange de leur libération. Parmi eux figure au moins un autre Suédois : l’universitaire Ahmadreza Djalali, 52 ans. Détenteur de la double nationalité, il a été arrêté en 2016 et vit sous la menace d’une exécution, depuis sa condamnation à la peine capitale, pour espionnage, en 2017.

Son sort, comme celui de Johan Floderus, semble aujourd’hui lié à celui d’Hamid Nouri. En novembre 2019, cet ancien procureur adjoint de la République islamique d’Iran a été arrêté à l’aéroport d’Arlanda, à Stockholm, par la police suédoise. Accusé d’avoir participé à la vague d’exécutions de prisonniers politiques en 1988, au cours de laquelle jusqu’à 5 000 opposants avaient été tués, il a été condamné à la prison à perpétuité, par le tribunal de Stockholm, le 14 juillet 2022. Une peine confirmée en appel, le 19 décembre 2023.

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Si aucune demande officielle d’échange n’a été présentée, les signaux envoyés par Téhéran semblent explicites. Comme le fait que Johan Floderus ait été arrêté deux semaines seulement avant le réquisitoire du procureur suédois, qui a réclamé la prison à perpétuité contre Hamid Nouri, le 2 mai 2022. Ou bien que le procès du jeune homme, à Téhéran, ait commencé le 10 décembre 2023, juste avant que la cour d’appel de Stockholm rende son verdict. Ou encore qu’Ahmadreza Djalali soit informé quelques jours plus tard qu’il serait bientôt exécuté.

Détresse de la famille

Rencontrés à Lund, dans le sud de la Suède, début février, Kerstin et Matts Floderus ne souhaitent pas se prononcer sur un éventuel échange de prisonniers. « Nous demandons juste à l’Etat suédois d’utiliser tous les outils à sa disposition », précise Kerstin, enseignante à la retraite, qui dit sa détresse face à une situation sur laquelle elle et son mari n’ont aucune prise, si ce n’est espérer que la mobilisation au niveau européen permettra d’aboutir à la libération de leur fils.

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