mercredi, mai 8

30 septembre 2023. Lucas, un jeune homme de 25 ans, pris de vomissements, de fièvre et de douleurs est transporté à l’hôpital d’Hyères, dans le Var, où il meurt d’un choc septique après 10 heures d’attente aux urgences. Classé dans les « éléments peu graves » à son arrivée, comme l’explique sa mère au micro de RMC, « ils l’ont mis sur un brancard, l’ont laissé dans un couloir et s’en sont occupés une fois à 20h, puis réellement à partir de 21h30 quand il fait un grave malaise ». La famille de Lucas a porté plainte pour homicide involontaire.

Le 2 janvier 2024, c’est une patiente de 86 ans qui est décédée aux urgences du CHU de Nantes. Ouest France explique que l’octogénaire devait être hospitalisée dans les étages mais que, faute de place, elle attendait dans la Zad, zone d’attente diagnostic, où elle est décédée. Autre affaire à Bordeaux, où une femme enceinte de sept mois raconte dans un article du Figaro du 28 août 2023 comment elle perdu son bébé alors qu’elle était au CHU.

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Le 12 avril 2023, c’est un homme de 91 ans qui est mort aux urgences de Grenoble après avoir attendu trois jours une place en gériatrie. Il s’agissait de la troisième mort « inattendue » en l’espace de quelques mois, après celle d’une femme de 47 ans et d’un autre patient, rapporte BFM. Aucun de ces patients ne présentait d’urgence vitale lors de leur entrée à l’hôpital.

Entre 1500 ou 2000 morts évitables par an

Retard de prise en charge, erreur de diagnostic… La Haute Autorité de santé (HAS) recense 2 385 événements indésirables graves associés aux soins en 2022, c’est-à-dire la survenue d’événements inattendus comme le décès, le pronostic vital engagé ou le déficit fonctionnel permanent, compte tenu de l’état de santé et la pathologie du patient au départ. Seulement 1874 évènements de ce type ont été recensés en 2021. Comme le note Le Monde, « l’évolution est à mettre au crédit d’une ‘culture’ de la déclaration qui progresse dans les établissements de santé », mais ces évènements sont encore sous-estimés.

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SAMU-Urgences de France avait compté 43 « morts inattendues » entre décembre 2022 et janvier 2023, un nombre qui serait là encore largement sous-estimé. « Rien que pour les urgences, on chiffre le nombre de morts évitables à 1500 ou 2000 personnes par an », estime Christophe Prudhomme à l’antenne de BFMTV,

Les raisons de la crise

Que se passe-t-il aux urgences ? Dans le cas de Lucas, l’hôpital a expliqué manquer de médecins et de moyens à la famille. Pour l’octogénaire à Nantes, le syndicat FO du CHU de Nantes a pointé la saturation des urgences, des « équipes débordées » et un épuisement important.

Le Dr Dominique El Koury, chef de pôle urgences médecine et prévention, qui ne relève pas de « dysfonctionnement » de son côté, explique le décès de la patiente par un Covid et des comorbidités sévères. Pour expliquer la sensation du personnel d’être débordés, elle pointe « la durée de présence des patients aux urgences (qui) s’allonge », faute de lits d’hospitalisation disponibles.

Interrogée par Le Monde, la sociologue Déborah Ridel, qui a soutenu une thèse sur les violences aux urgences, estime que « les dysfonctionnements ne sont pas nouveaux » et « sont probablement récurrents ». D’après elle, « ils gagnent en visibilité à chaque période de crise ».

VIDÉO – Manque de personnel et afflux de patients : 163 services d’urgences ont fermé au moins une fois dans l’année en France

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