mardi, mai 7
Le député et ancien vice-président exécutif du parti Les Républicains Aurélien Pradié, lors d’une réunion publique, à Pessac (Gironde), le 24 février 2023.

Il se trouve à deux pas de son bureau à l’Assemblée nationale, mais Aurélien Pradié n’a pas encore eu la curiosité de visiter le nouveau siège parisien du parti Les Républicains (LR), ouvert depuis fin février. « On va faire au moins des économies de chauffeurs par rapport à celui de Vaugirard [dans le 15arrondissement de Paris] », glisse le député du Lot. L’humour grince toujours. Il marque une distance aussi. Celle prise entre l’éphémère numéro deux de LR et la direction d’un parti dont il a été congédié le 18 février 2023.

Un an après, le trublion de la droite ne regrette rien. Il assure être allé au bout de ses « convictions » pour s’opposer au projet de réforme des retraites du gouvernement, défendu par le parti de droite et son président, Eric Ciotti. D’ailleurs, moins ce dernier évoque le cas Pradié, mieux il se porte. D’autres s’en chargent volontiers. « Pradié, c’est un petit cri existentiel dans le vide de la réflexion », souffle le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau.

L’intéressé entend prouver le contraire. Il remercie ses détracteurs de lui avoir « rendu un grand service » en lui redonnant sa « liberté » et la maîtrise de son emploi du temps. Le 6 mars, Aurélien Pradié a échangé pendant deux heures sur le concept de « la constance » avec le théologien Jean-Baptiste Arnaud, au Collège des bernardins, à Paris. Le 18 juin, il inaugurera un cycle de conférences en s’intéressant à la question de « La dignité dans le travail ».

« Démocratie dégradée »

A 37 ans, l’ambitieux phosphore et le fait savoir. Ces dernières semaines, il a multiplié les échanges avec des constitutionnalistes pour approfondir une intuition devenue une certitude chez lui après l’épisode des retraites et la loi sur l’immigration : « Le vrai danger pour notre pays est une lente accoutumance à une démocratie dégradée. » Le projet apparaît comme très ambitieux. A l’entendre, il ne s’agit rien de moins que réparer une Ve République vermoulue. « On parle beaucoup du gaullisme, mais on ne s’est jamais autant éloigné de l’esprit des institutions voulu par le général de Gaulle et Michel Debré en 1958 », juge-t-il.

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Entre autres maux, M. Pradié dénonce des projets de loi réécrits « en catimini en commission mixte paritaire par une poignée d’élus » (en référence au parcours législatif de la loi « immigration »), la propension du camp présidentiel à contourner l’Assemblée nationale ou le pouvoir démesuré accordé, selon lui, au Sénat. « Qu’un texte comme celui sur l’immigration débute là-bas est une entorse à nos principes démocratiques. Les textes doivent commencer leur route par l’Assemblée. C’est l’esprit de la Ve. » Les sénateurs LR, chez lesquels sa cote d’amour est basse, apprécieront.

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