vendredi, mai 10
Astrid Chevance, à Paris, en septembre 2023.

Tristesse quasi permanente, perte d’intérêt et de plaisir pour les activités de la vie quotidienne, fatigue, angoisses, voire idées de mort… La dépression, trouble psychiatrique parmi les plus fréquents, touche une personne sur cinq au cours de sa vie. En France, la prévalence des épisodes dépressifs est en augmentation depuis les années 2010, avec « une accélération sans précédent entre 2017 et 2021, en particulier chez les jeunes adultes », estimait le baromètre santé de 2021, publié en 2023.

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Pour mieux comprendre la vie quotidienne avec cette maladie, une cohorte en ligne de patients touchés par une dépression – ou une maladie bipolaire – a été créée en novembre 2023. Elle s’inscrit dans la communauté de recherche participative ComPaRe, qui inclut au total 50 000 volontaires atteints de diverses maladies chroniques.

Entretien avec la psychiatre et chercheuse Astrid Chevance, responsable scientifique de ComPaRe Dépression, cheffe de clinique au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Inserm UMR1153, université Paris Cité, AP-HP).

Que peut-on attendre d’une telle étude sur la dépression ?

Elle va permettre de développer de nouveaux outils cliniques, pour le diagnostic, le pronostic ou les traitements de la dépression et de la maladie bipolaire, en partant des besoins et de l’expérience vécue par les patients. Pour cela, nous recueillons des informations cliniques et sociodémographiques mais nous nous appuyons aussi sur les récits personnels. Cela peut paraître étonnant pour une pathologie aussi fréquente, mais nous manquons vraiment de données longitudinales. Par exemple, on ne sait pas bien quel est le profil de ceux qui rechutent.

L’une des particularités de cette cohorte numérique est qu’elle est ouverte à toutes les personnes qui pensent être concernées par cette maladie, même si elles n’ont pas eu un diagnostic formel par un médecin. Cela signifie que nous sommes aussi intéressés par l’aspect autodiagnostic : quel est le profil des gens qui se considèrent comme déprimés mais ne consultent pas, comment évoluent-ils dans le temps, etc.

Notre communauté est complémentaire d’autres cohortes en France et dans le monde, qui incluent des patients pris en charge dans des centres hospitaliers spécialisés.

Au fil du temps, nous allons pouvoir nous appuyer sur ComPaRe Dépression pour conduire des études sur des thématiques particulières. Les deux premières, qui viennent d’être lancées, concernent l’annonce du diagnostic et le handicap généré par la dépression.

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