lundi, mai 20

Le ministre chargé de la santé, Frédéric Valletoux, s’est voulu rassurant, jeudi 9 mai, lors d’un déplacement à Mayotte, estimant « contenue » l’épidémie de choléra qui sévit dans l’île depuis environ deux mois.

« Il n’y a pas d’explosion, mais ça ne veut pas dire que ça va s’arrêter du jour au lendemain », a dit le ministre à la presse, en marge d’une visite du centre hospitalier universitaire (CHU) de l’île. Si « le nombre de cas que l’on a aujourd’hui n’est pas stabilisé », l’intervention « rapide, coordonnée et proportionnée des services » a permis de garder la « situation sous contrôle », a-t-il ajouté.

Plus tôt, le ministre a visité le quartier Kirson de Koungou, où au moins une cinquantaine de cas de choléra ont été déclarés à ce jour et où une petite fille de 3 ans a succombé mercredi soir. M. Valletoux a fait remarquer qu’aux Comores voisines « l’épidémie a démarré un mois et demi plus tôt mais aujourd’hui on compte des milliers de cas et presque une centaine de décès ». « On voit qu’à Mayotte, la réponse est adéquate », a-t-il comparé.

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Antibiotique et vaccination

Sur place, il a échangé avec les équipes de l’agence régionale de santé (ARS) chargées de désinfecter les foyers dès qu’un cas est suspecté. « Nous distribuons également des antibiotiques aux proches et nous vaccinons le plus possible. La population est très réceptive », a expliqué Olivia Noël, coordinatrice terrain qui fait partie des 29 réservistes venus en renfort pour « contenir l’épidémie » dans cette île française de l’océan Indien.

Estelle Youssouffa, députée du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) de Mayotte, a rappelé que « la population, en majorité étrangère, n’a pas toujours de téléphone et a souvent peur des autorités », donc « les gens attendent le dernier moment » pour prévenir les secours. L’élue préconise de relancer la distribution de bouteilles d’eau pour limiter les risques de contamination par une eau impropre, l’un des vecteurs de transmission de la maladie avec les aliments contaminés.

Les premiers cas de choléra à Mayotte avaient été recensés à la mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l’épidémie flambe avec 98 décès, selon le dernier bilan officiel. A Mayotte, les premiers cas diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île sont apparus à la fin d’avril.

Le choléra, maladie bactérienne, peut provoquer des diarrhées aiguës et entraîner la mort par déshydratation en un à trois jours. Depuis la mi-mars, 58 cas de choléra ont été recensés par les autorités mahoraises, dont six cas actifs lors du dernier bilan en date du 6 mai.

Désinfection du foyer du malade

Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l’identification et le traitement des cas contacts et une vaccination en élargissant progressivement la zone concernée autour de l’habitation du patient atteint de choléra.

Au CHU de Mayotte, Alimata Gravaillac, cheffe de service des urgences, a souligné que des kwassa-kwassa, ces bateaux qu’utilisent habituellement les migrants venus des Comores voisines pour rallier Mayotte, « arrivent directement à l’hôpital avec des personnes malades ».

Ces convois, qu’elle appelle « kwassa sanitaires », provoquent une « pression supplémentaire pour les soignants ». Les urgentistes, qui ont « 40 patients à traiter » à leur prise de service, devront « tenir dans la durée », a-t-elle estimé.

Interrogé sur RTL, Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a souligné que « pour fermer la vanne du robinet, il faudrait, entre guillemets, s’attaquer également à ce qui se passe aux Comores ». L’épidémie actuelle va être « très difficile » à « juguler, et on risque de se retrouver avec une augmentation très rapide des cas, peut-être même plusieurs autres décès qui vont arriver », prévient-il.

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Le Monde avec AFP

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