dimanche, mai 5
Joe Biden annonce de nouvelles actions visant à réduire les coûts pour les familles américaines, à la Maison Blanche, à Washington, le 5 mars 2024.

« Les Américains ont voté pour le repos, pas pour une révolution. » Tel était le commentaire du Wall Street Journal, en avril 2021, dans la foulée de l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, et juste avant son premier grand discours devant le Congrès des Etats-Unis. L’Amérique croyait avoir élu un vieux monsieur apaisant, mais sous ce faux pape de transition se cachait un révolutionnaire qui voulait reconstruire l’Amérique (Build Back Better).

« Elu comme l’anti-Trump, Joe Biden aspire à être la deuxième incarnation de FDR [Franklin Delano Roosevelt (président de 1933 à 1945), le père du New Deal qui transforma son pays après la crise de 1929] », relevait le quotidien économique. On pourrait aussi faire la comparaison avec Lyndon Johnson (1963-1968), successeur mésestimé de John Kennedy en raison de son engagement au Vietnam, mais qui fit adopter les plus grandes lois sociales et antiségrégation des Etats-Unis.

Trois ans plus tard, alors que Joe Biden prononce, jeudi 7 mars, son discours sur l’état de l’Union, cette tribune se révèle prémonitoire. Il n’a nullement réconcilié l’Amérique déchirée entre trumpistes et démocrates. En revanche, il l’a profondément changée. Ou plutôt, l’Amérique a profondément changé sous son mandat, et l’intérêt est de distinguer ce qui dépend de l’impulsion du président ou des marchés.

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A six mois de l’élection présidentielle, le tableau économique est reluisant. L’inflation est retombée à 1,8 %, après avoir atteint un pic de 9,1 % en juin 2022 ; le chômage est au plus bas ou presque avec un taux de 3,7 % de la population active ; les salaires réels augmentent, notamment au bas de l’échelle ; le pays produit plus de pétrole que jamais, finance un immense plan d’investissement dans l’énergie et les microprocesseurs, et se lance à corps perdu dans l’intelligence artificielle, ce qui fait s’envoler Wall Street.

Plus personne ne parle de stagnation séculaire comme dans les années 2010, tandis que le mot « Rust Belt », ceinture de la rouille, nommant les Etats désindustrialisés ayant fait l’élection de Donald Trump en 2016, a disparu des journaux.

Hausse des salaires

Premier constat, l’Amérique redevient plus industrielle. Donald Trump en avait rêvé, Joe Biden l’a fait. Le président a réussi à mettre en place une politique inédite en la matière, avec un programme massif de subventions aux semi-conducteurs et aux énergies renouvelables. Les dépenses – le plus souvent faites de crédits d’impôts – ne sont pas encore versées, mais la pompe est amorcée avec des investissements massifs dans les renouvelables et les usines de semi-conducteurs valant de 10 milliards à 40 milliards de dollars (jusqu’à 37 milliards d’euros), réalisées par TSMC, Samsung, Intel ou Micron. Les investisseurs asiatiques et européens se ruent sur le marché intérieur américain, attirés par les subventions et une énergie peu coûteuse.

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