dimanche, mai 5

La Bourse est un sport de combat où la chance du bon moment compte autant que la stratégie. Peu d’actionnaires peuvent se targuer d’avoir gagné de l’argent avec Vallourec. Ancienne pépite de l’industrie française, brièvement membre du CAC 40, le fabricant de tubes sans soudure pour l’industrie pétrolière a ruiné plus d’un épargnant. Depuis 2010, la société a connu plus de cinq restructurations qui se sont traduites par des augmentations de capital, des dilutions, des effacements de dettes et autres techniques destinées à renflouer des caisses régulièrement vidées par les chocs pétroliers successifs.

Pourtant, depuis le début de ce siècle, deux actionnaires ont réussi à tirer magistralement leur épingle du jeu. Le premier est Vincent Bolloré, qui est entré en 2002 et ressorti en 2005, avec une plus-value de 1,7 milliard d’euros. L’un des plus beaux coups de sa carrière. Le deuxième est le fonds américain Apollo, qui vient de vendre sa participation de 28,4 % dans le groupe à ArcelorMittal, acquise en 2021, pour 955 millions d’euros, soit un doublement de sa mise en trois ans, selon les calculs de l’agence Bloomberg.

Il faut reconnaître que le fonds américain a pris plus de risque puisqu’il a reconverti en actions sa créance dans le groupe à la faveur d’une nouvelle augmentation de capital. Devenu l’actionnaire de référence, il a changé la direction de l’entreprise et chargé le nouveau patron de la tâche la plus ardue et toujours repoussée de fermer les usines allemandes du groupe pour les transférer au Brésil. Seul moyen, selon l’investisseur, de concurrencer le leader mondial, l’italien Tenaris, qui ne dispose quasiment plus de production en Europe.

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Le français avait largement entamé le transfert vers les Etats-Unis, le Brésil et la Chine, mais en maintenant un socle industriel en France et en Allemagne. Il lui reste maintenant deux usines en France. Un dossier politiquement si sensible qu’il a coûté cher à l’Etat. La banque publique Bpifrance, appelée à la rescousse en 2016, a perdu 500 millions d’euros dans l’affaire, avant de céder cinq ans plus tard ses actions à Apollo. Le malheur des uns…

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