Les séparatistes yéménites ont accusé vendredi 26 décembre les forces saoudiennes d’avoir bombardé leurs positions dans l’est, après que Ryad les a exhortés à restituer au gouvernement des territoires dont ils ont pris le contrôle.
Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat après les frappes, qui font craindre une escalade après un calme relatif résultant d’une trêve conclue en 2022 entre les rebelles Houthis et les forces gouvernementales.
Dans un communiqué, les séparatistes se sont déclarés « ouverts à des arrangements » pour la sécurité dans le sud du pays, qui devraient « répondre aux aspirations de notre peuple et aux intérêts de nos frères du royaume » saoudien.
Ils ont cependant prévenu que les frappes les visant, attribuées à l’Arabie saoudite, ne les détourneraient pas de leur but de « restaurer les droits » des populations du sud du Yémen.
L’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition militaire soutenant le gouvernement, n’a pas commenté ces allégations dans l’immédiat.
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Début décembre, le mouvement séparatiste du Conseil de transition du Sud (STC), membre du gouvernement, a pris le contrôle de vastes territoires dans l’est jusque-là aux mains de troupes gouvernementales. Il dit désormais contrôler la totalité des zones de l’ancien Yémen du Sud, qui a été un État indépendant de 1967 à 1990.
Le pays était déjà divisé entre les Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran qui se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014 puis d’une grande partie du nord du pays, et le gouvernement, qui rassemble des forces hétéroclites.
Le Yémen au cœur de rivalités territoriales
Le STC, soutenus par les Émirats arabes unis, veut rétablir l’ancien État du Yémen du Sud, mais avait rejoint le gouvernement pour lutter ensemble contre les Houthis.
Il a dit avoir pris les provinces de Mahra et Hadramout, dans l’est du pays, pour déloger un chef tribal proche de l’Arabie saoudite, et lutter contre la contrebande.
Ces nouvelles tensions pourraient fragiliser davantage encore le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, au cœur de rivalités régionales impliquant des acteurs allant de l’Iran à l’Arabie saoudite.
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« L’armée de l’air saoudienne a bombardé des positions des forces d’élite hadramites à Wadi Nahb, dans la province de Hadramout », a indiqué vendredi la « chaîne indépendante d’Aden », proche des séparatistes, dans un message publié sur les réseaux sociaux, en référence à un groupe au sein du SCT.
La télévision a partagé une vidéo montrant un panache de fumée s’élevant du désert, avec des véhicules blancs au premier plan.
Le STC, qui fait partie du Conseil présidentiel chapeautant le gouvernement aux côtés d’autres groupes contrôlant différents territoires, a de son côté fait état auprès de l’AFP de deux frappes saoudiennes dans la région.
L’armée saoudienne a visé « les forces d’élite hadramites deux fois », a-t-il précisé.
Jeudi, des affrontements ont eu lieu dans l’Hadramout entre les séparatistes et le chef tribal proche de l’Arabie saoudite, a indiqué un responsable militaire dans la région. Ce chef tribal a quitté la zone après les combats, selon cette source.
« Éviter toute escalade »
Ryad avait condamné jeudi des prises de territoires « de manière unilatérale », dénonçant « une escalade injustifiée » et disant espérer un « retrait urgent […] des forces » du SCT des provinces de Mahra et Hadramout.
Début décembre, le SCT avait refusé une demande des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite de s’en retirer, selon une source proche du STC.
Oman, médiateur clé au Yémen et également voisin de la province de Mahra, a appelé à « éviter toute escalade […] et à engager un dialogue politique global ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait averti la semaine dernière que les avancées du STC augmentaient le risque d’une « plus grande escalade » dans ce pays, déjà frappé par l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations unies.
« Une reprise totale des hostilités pourrait avoir de graves répercussions sur la paix et la sécurité régionales », avait-il déclaré, exhortant les parties à apaiser les tensions.
Avec AFP












