Le candidat de l’opposition de gauche à la présidentielle uruguayenne, Yamandu Orsi, a remporté ce dimanche 24 novembre le second tour de l’élection, une victoire marquant le retour au pouvoir de la gauche de l’emblématique ex-président José Mujica.
« Je serai le président qui appellera encore et encore au dialogue national pour trouver les meilleures solutions, bien sûr en suivant notre vision, mais aussi en écoutant très attentivement ce que les autres nous disent », a réagi lors d’un discours face à ses partisans le président élu, un ex-professeur d’histoire issu de la coalition de gauche Frente Amplio.
Alvaro Delgado, ancien vétérinaire issu pour sa part du même Parti National de droite que le président sortant Luis Lacalle Pou, a concédé sa défaite dans la soirée. « Aujourd’hui, le peuple uruguayen a choisi (celui) qui occupera la présidence de la République », a-t-il déclaré, disant « saluer » Yamandu Orsi au nom de « tous les acteurs de la coalition (gouvernementale) » qui l’ont soutenu.
Yamandu Orsi avait fini largement en tête du premier tour le 27 octobre avec 43,9% des voix, devant Alvaro Delgado (26,8%) qui disposait cependant du réservoir de voix d’Andres Ojeda, du parti Colorado (centre droit), arrivé en troisième position (16%).
La victoire de Yamandu Orsi n’augure toutefois aucun signe de changement de direction, le président élu ayant promis, lorsqu’il était encore candidat, « un changement sûr qui ne sera pas radical ».
« Une victoire pour toute l’Amérique latine »
Pendant la campagne, les deux candiats ont insisté sur la relance de la croissance et la réduction du déficit budgétaire. Ils se sont engagés à ne pas augmenter la pression fiscale et ont promis de lutter contre la criminalité liée au narcotrafic en augmentation. Yamandu Orsi souhaite développer des échanges à l’échelle régionale, quand Alvaro Delgado penchait vers des accords multilatéraux.
« Je tiens à féliciter (…) le président élu Yamandu Orsi, le Frente Amplio et mon ami Pepe Mujica pour leur victoire aux élections d’aujourd’hui », a réagi sur X le président du Brésil voisin, Luiz Inacio Lula da Silva. « C’est une victoire pour toute l’Amérique latine et les Caraïbes », a-t-il relevé.
Si l’Uruguay affiche un revenu par tête élevé, ainsi que de moindres niveaux de pauvreté et d’inégalités par rapport au reste de l’Amérique du Sud, l’emploi et la sécurité ont été placés au centre des préoccupations des 3,4 millions d’habitants du pays aux 12 millions de têtes de bétail.
Majorité au Sénat pour le Frente Amplio
La gauche a misé sur sa figure tutélaire, José « Pepe » Mujica, l’ancien président (2010-2015) et ex-guérillero torturé et emprisonné sous la dictature (1973-1985), pour revenir au pouvoir après les années Tabaré Vazquez (2005-2010, puis 2015-2020) qui avaient mis fin à l’hégémonie de droite et de centre droit.
Malgré ses 89 ans, son combat contre le cancer et des difficultés à se déplacer, José Mujica a multiplié les apparitions et meetings pour attirer le vote des jeunes et indécis qui semblaient détenir la clé du scrutin.
Le président sortant Luis Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020, n’a pu se représenter malgré une cote de popularité de 50%, car la Constitution interdit de briguer un second mandat consécutif. Il a promis une transition « ordonnée » dans le pays le plus stable d’Amérique latine, avec des partis à la longue histoire, aux identités claires malgré leurs unions dans des coalitions et dont l’appartenance se transmet à l’intérieur même des familles.
Des élections générales concomitantes du 1er tour ont vu le Frente Amplio remporter 16 des 30 sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la Chambre des députés.
Article original publié sur BFMTV.com