« Au fond, je suis un influenceur. » Ses yeux pétillent d’ironie derrière ses lunettes rondes façon années 1930. Sanglé dans sa veste de tweed marron, Xavier Driencourt sirote son Schweppes citron sur la banquette d’un bistrot de la place des Vosges, dans le 4e arrondissement de Paris, à l’heure où la foule se délasse sur l’herbe dans la tiédeur du printemps naissant. Faussement modeste, il ajoute : « A mon corps défendant. »
Il ne faut surtout pas se fier à son ingénuité étonnée, ce petit air surpris et embarrassé face à sa notoriété médiatique. L’ancien diplomate, âgé de 71 ans, arpente les studios de radio et de télévision avec une gourmande délectation, comme une douce revanche face à une ancienne hiérarchie – celle du Quai d’Orsay – qui ne l’a pas toujours très bien traité, ni tellement écouté depuis que, la retraite venue, il essaime dans les agoras propos experts et saillies polémiques sur l’Algérie, pays où il fut ambassadeur à deux reprises (2008-2012, puis 2017-2020).
Sa ligne est martelée sans relâche : Paris a toujours péché par « naïveté » et « angélisme » à l’égard d’un régime algérien « opaque », se jouant des « faiblesses françaises » et avec lequel il faut « refonder » la relation sur de nouvelles bases. Cette approche-là a lourdement pesé dans la crise qui a opposé Paris et Alger à partir de l’été 2024, et dont on sort timidement.
Poigne rhétorique
En technicien plus qu’en idéologue, M. Driencourt a fourni quelque inspiration au clan des faucons – regroupé autour du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau –, partisans du « rapport de force » avec le régime d’Alger. Ce dernier ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui en a fait sa bête noire. Que les services du premier ministre algérien, Nadir Larbaoui, aient jugé impératif, en novembre 2024, de publier un communiqué fustigeant son « délire haineux et coutumier à l’égard de l’Algérie » témoigne de l’influence qu’Alger lui prête dans le jeu français.
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