Les Etats-Unis ont promis lundi 29 décembre une première tranche de 2 milliards de dollars pour l’aide humanitaire de l’ONU en 2026, soit bien moins que ces dernières années, en soulignant que les agences onusiennes devront « s’adapter, rétrécir ou mourir ». Cette annonce est faite dans un contexte de coupe drastique de l’aide extérieure américaine décidée par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche.
A travers ce nouvel engagement, qui a été annoncé à la représentation américaine à Genève en présence du chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, Washington entend réformer en profondeur sa manière de financer l’action humanitaire des Nations unies.
« Nous espérons que ces 2 milliards de dollars ne sont pas la fin, mais seulement le début d’un partenariat », a déclaré Jeremy Lewin, chargé de l’aide internationale au département d’Etat, lors d’une conférence de presse. « C’est un moment vraiment important » car les Etats-Unis et l’ONU vont désormais travailler ensemble pour définir « un dispositif humanitaire réformé, allégé et plus efficace », a-t-il poursuivi.
Au lieu de distribuer des fonds à chaque agence onusienne, les Etats-Unis prévoient désormais de verser leurs contributions par l’intermédiaire du bureau de M. Fletcher, la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui a lancé en mars l’initiative « Humanitarian Reset » (« réinitialisation humanitaire » en français) visant à rendre le système humanitaire plus efficace.
« Ce nouveau modèle permettra de mieux partager la charge des actions humanitaires de l’ONU avec d’autres pays développés et exigera de l’ONU qu’elle se débarrasse du superflu, supprime les doublons et s’engage à mettre en place de nouveaux mécanismes efficaces en matière d’impact, de responsabilité et de contrôle », a commenté le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, sur X.
L’OCHA sera chargée d’administrer les fonds américains en respectant certaines « obligations » et en s’assurant que le financement de l’aide répond aux « intérêts nationaux américains », a expliqué M. Lewin. « L’accord exige que l’ONU consolide ses fonctions humanitaires afin de réduire les lourdeurs bureaucratiques, les doublons inutiles et les dérives idéologiques. Les agences de l’ONU devront s’adapter, rétrécir ou mourir », a déclaré le département d’Etat dans un communiqué.
Dix-sept pays identifiés pour recevoir de l’aide
Les Etats-Unis ont pour l’instant identifié 17 pays à qui l’ONU pourra apporter des fonds américains, dont la République démocratique du Congo, Haïti, l’Ukraine, la Syrie, la Birmanie, le Bangladesh, le Tchad, le Nigeria, l’Ethiopie et le Soudan du Sud. Cette « contribution importante » aidera à « sauver des millions de vies », a salué M. Fletcher.
« Les contribuables américains méritent de savoir comment leur soutien est utilisé, et nous montrerons comment chaque dollar a un impact réel sur la vie des gens », a également fait valoir M. Fletcher dans un communiqué, qualifiant les Etats-Unis de « superpuissance humanitaire mondiale ». En 2025, l’appel humanitaire de l’ONU de plus de 45 milliards de dollars n’a été financé qu’à hauteur d’un peu plus de 12 milliards, le plus bas en une décennie selon l’ONU.
Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d’épidémies, de séismes ou de l’impact du changement climatique, ont besoin d’aide urgente, l’ONU a besoin de 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d’entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.
Début décembre, M. Fletcher avait malgré tout lancé un appel humanitaire 2026 largement restreint en réponse à la baisse significative des financements, demandant 23 milliards de dollars pour aider au moins 87 millions des personnes les plus en danger. Ce plan « hyperpriorisé », qui passe également par des réformes pour améliorer l’efficacité du système humanitaire, est « basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort », avait-il alors commenté.
Selon les chiffres de l’ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais la chute de leurs financements est majeure : 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.












