Le président Trump souhaite vivement mettre un terme à la guerre en Ukraine, sans trop s’embarrasser des contours de la paix qu’il veut obtenir. Une nouvelle fois, ses proches – Steve Witkoff, J. D. Vance, Jared Kushner, puis Marco Rubio, qui s’est raccroché au wagon – ont tenté de forcer une décision de la part de Moscou et de Kiev, surtout de Kiev à vrai dire, perçu comme le maillon faible sur lequel il faut taper. Peut-on tirer un premier bilan de ce qui vient de se passer ?
Notons d’abord que les circonstances ont changé. Par rapport à l’épisode du 28 février, quand le président Zelensky avait été humilié dans le bureau Ovale, ou à celui du sommet en Alaska 15 août, qui n’avait été suivi d’aucune avancée , la position des Ukrainiens s’est dégradée. Sur le plan militaire certes, même s’ils peuvent encore tenir, contrairement à ce que les Russes essaient de faire croire, mais surtout sur les plans économique, financier et enfin politique.
L’« Occident collectif » ne paraît pas prêt à prendre les mesures qu’il faudrait pour affaiblir encore une Russie pourtant déjà mal en point. Le scandale de corruption qui a entraîné la démission forcée du bras droit du président ukrainien constitue un élément de vulnérabilité supplémentaire pour Kiev. Il n’est pas impossible que le pouvoir ukrainien considère que le moment approche où il doit envisager des sacrifices douloureux, notamment sur le plan territorial, pour sauver l’essentiel, notamment par des garanties de sécurité occidentales aussi robustes que possible.
Du côté américain, le précédent de la paix à Gaza – même si celle-ci hélas est plus apparente que réelle – donne des ailes à la Maison Blanche. On a pu ironiser sur le côté baroque du « plan en 28 points », particulièrement mal ficelé, mais il a provoqué la secousse que voulait l’administration américaine pour accélérer les négociations.
Tout se monnaye
Et puis, il y a ce phénomène que les Européens n’ont pas vu venir, ou n’ont qu’imparfaitement mesuré : depuis des mois, les Russes sont parvenus, par divers canaux, à circonvenir Washington. Le Kremlin a, pour ce faire, fait miroiter toutes sortes d’avantages économiques, dans le domaine des minéraux critiques, de l’énergie, de l’exploitation de l’Arctique, mais aussi politiques, notamment la possibilité d’une réconciliation russo-américaine.
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