Dominique Pelicot est-il un meurtrier et un violeur en série? Condamné pour les viols de son ex-femme Gisèle sous soumission chimique, il est actuellement mis en examen dans deux cold case, un viol et un meurtre ainsi qu’une tentative de viol.
Dans le cadre de ces investigations, il a été longuement interrogé par une psychologue en juillet dernier. Pour le pôle cold case de Nanterre, l’objectif de cet entretien était d’examiner la perception de Dominique Pelicot sur le meurtre de Sophie Narme en 1991, et la tentative de viol sur Marion* en 1999.
« Je ne voulais pas lui faire de mal »
En 1991, un homme prend rendez-vous avec Marion*, à l’époque agente immobilière de 19 ans, pour visiter un appartement en Seine-et-Marne. Une fois à l’intérieur du logement, l’homme l’agresse, l’endort avec de l’éther et lui enlève son pantalon. Marion* finit par réussir à repousser son agresseur, qui échappe ensuite aux enquêteurs durant plusieurs années.
Mais tout s’accélère en 2020 lorsque le nom de Dominique Pelicot fait irruption dans l’actualité. L’affaire de Mazan éclate et l’homme est interpellé pour les viols de son épouse. En 2022 son ADN est prélevé. Il correspond avec un autre ADN prélevé lors des investigations sur la tentative de viol de Marion*, qui finira par reconnaître Dominique Pelicot.
Face au psychologue, l’ancien mari de Gisèle reconnaît partiellement les faits en indiquant s’être servi de ficelle et d’éther pour maîtriser sa victime. « C’est une agression sexuelle. Je conteste complètement le viol », concède-t-il devant la psychologue en juillet dernier. « Je ne voulais pas lui faire de mal ».
En observant le mode opératoire, le secteur de l’agression et le profil de la victime, les enquêteurs finissent par faire le lien avec une autre affaire restée sans réponse dont le parquet spécialisé de Nanterre décide de se saisir.
La mort non élucidée de Sophie Narme
Le 4 décembre 1991, Sophie Narme, 23 ans, elle aussi agente immobilière, fait visiter un appartement à un homme à Paris. La journée passe et la jeune femme ne rentre pas à son agence et n’honore pas ses différents rendez-vous.
Son patron s’inquiète et décide de se rendre dans l’appartement qu’elle faisait visiter au potentiel acheteur. L’homme pousse la porte et trouve la jeune femme face contre terre. Sophie a été violée, étranglée et tuée.
« L’autopsie va avoir lieu dans la nuit, il y a un prélèvement vaginal qui est effectué. Il va démontrer qu’il y a des spermatozoïdes vivants, on voit les flagelles bouger au microscope », rapportait Me Florence Rault, avocate de la famille, sur le plateau de C à vous, en janvier dernier. Malheureusement pour la famille, l’ADN prélevé se perd dans les laboratoires.
Durant des années, les enquêteurs vont en vain multiplier les investigations pour trouver le meurtrier et le violeur de Sophie. Plusieurs pistes menant à des tueurs en série vont même être étudiées, là aussi sans succès.
Sur cette affaire, Dominique Pelicot nie toute implication et ne comprend pas sa mise en examen. Malgré l’absence d’ADN, la justice estime cependant qu’il existe des similitudes dans le mode opératoire avec la tentative de viol de Marion*.
« J’ai la sensation qu’on veut me faire porter un chapeau qui est trop grand pour moi. Ce n’est pas sur des similitudes qu’on accuse quelqu’un! Qu’on me traite de pervers ok, mais je ne suis pas un tueur! », a-t-il déclaré à la psychologue.
Afin de démontrer que l’ADN de son client ne se trouvait pas sur la dépouille de Sophie Narme, l’avocate de Dominique Pelicot a en effet demandé une exhumation du corps de l’agente immobilière. La justice a finalement donné son feu vert pour cet acte d’enquête, qui pourrait avoir lieu dans les prochains mois.
*Le nom a été volontairement modifié
Article original publié sur BFMTV.com










