Créée le 6 janvier 1975, TF1 fête ses 50 ans d’existence aujourd’hui.
Figure incontournable de la chaîne, Évelyne Dhéliat a accepté de partager ses souvenirs avec nous.
Ex-speakerine à l’ORTF, elle a vécu les transformations de la première chaîne depuis sa privatisation jusqu’à nos jours.
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Météo
C’est une figure incontournable de la télévision. Ex-speakerine à l’ORTF (l’Office de radiodiffusion-télévision française, un organisme public français de radio et de télévision créé en 1964, dissous en 1975), Évelyne Dhéliat a vécu la naissance de TF1 le 6 janvier 1975 et suivi les premiers pas de la chaîne devenue privée le 16 avril 1987. À l’occasion des 50 ans de la Une, la cheffe du service météo de TF1-LCI a accepté de partager ses souvenirs avec nous.
TF1 fête ses 50 ans d’existence, ça vous fait quoi ?
Je trouve cela incroyable. J’étais là même avant les 50 ans de TF1… puisque j’ai vécu la fin de l’ORTF (rires).
À quoi ressemblait la télévision à l’époque ?
À l’époque, toutes les chaînes étaient des chaînes du service public. Les patrons de l’ORTF étaient nommés par le gouvernement et ils ne connaissent pas grand-chose à la télévision. Avec la naissance de TF1, on sautait le pas pour faire quelque chose avec une vraie réflexion. Il y avait également plus d’heures d’antenne. Avec la privatisation, on est passé du service public à une entreprise avec sa propre identité. On a aussi assisté à l’évolution des patrons qui étaient des gens de la télévision.
De speakerine à animatrice
La télé a-t-elle beaucoup changé en 50 ans ?
Forcément, beaucoup de choses ont changé en 50 ans. À l’époque, tout était produit par la SFP, la Société française de production, c’est-à-dire l’État. Maintenant, on peut dire que TF1, à part pour l’information et les journaux, est surtout un diffuseur. Nous avons bien sûr une société de production avec Newen Studios, mais il y a des sociétés extérieures auxquelles nous achetons des programmes.
Vous avez commencé votre carrière comme speakerine à l’ORTF le 23 octobre 1968. C’était quoi une speakerine ?
C’est un métier qui a disparu, mais à l’époque, cela consistait à présenter les programmes. On devait aussi s’excuser auprès des téléspectateurs pour les interruptions de l’antenne, car il y avait de nombreuses pannes. Au moment de la privatisation, nous avons toutes été séparées et dispatchées, chacune avait sa propre identité. Le métier a ensuite évolué puisque nous sommes sortis de la régie pour aller sur le terrain ou faire des interviews. Nous avons fini par disparaitre au profit des bandes-annonces.
Je suis en CDI depuis 1971, avant que la première chaîne ne devienne TF1
Je suis en CDI depuis 1971, avant que la première chaîne ne devienne TF1
Évelyne Dhéliat
Pourquoi vouliez-vous être speakerine ?
Ce n’était pas une vocation, je suis arrivée là par hasard ! Quand j’étais étudiante en licence d’anglais, j’ai répondu à une petite annonce de l’ORTF qui cherchait quelqu’un pour présenter les programmes en français et en anglais. Ce n’était pas pour la télévision, mais pour un congrès de télévision européenne. J’ai été prise. Puis j’ai remplacé Anne-Marie Peysson, qui partait à RTL. C’est comme cela que j’ai débuté, mais je n’avais aucune ambition de faire de la télévision !
Et pourtant, vous êtes encore là aujourd’hui. Il parait que vous avez le CDI le plus long de la télévision française ?
De la télévision française, je ne sais pas, mais c’est vrai que je suis en CDI depuis 1971, soit à l’époque de l’ORTF, avant que la première chaîne ne devienne TF1.
Aux manettes de la météo depuis 1992
Avant la météo, vous avez présenté de nombreuses émissions…
Oui, j’ai fait « La maison de TF1 », de 1982 à 1988 avec Nicolas le Jardinier et Jean Lanzi. On était filmés dans une maison et le public nous suivait comme une vraie famille. C’était un peu la téléréalité avant l’heure ! Ça a été un des plus beaux souvenirs de ma carrière. J’ai ensuite présenté « Ravi de vous voir », une émission en direct tout l’après-midi ou encore le concours de l’Eurovision.
Comment s’est passée la privatisation de TF1 en 1987 ?
Ça s’est fait de façon tout à fait naturelle, c’était une évolution. Cela correspondait à l’ambiance de l’époque. C’est comme pour les speakerines… Il y a quelques années, Canal+ a tenté d’en remettre à l’antenne. J’avais dit que c’était une très mauvaise idée, car on était passé à autre chose. Et ça n’a pas tenu.
La météo, c’est de l’information à part entière
La météo, c’est de l’information à part entière
Évelyne Dhéliat
Comment en êtes-vous arrivée à présenter la météo en 1992 ?
J’ai toujours été passionnée par le journalisme, mais quand j’ai commencé, il n’y avait pas de femme à la présentation des journaux. Cela a débuté plus tard avec Christine Ockrent, puis Anne Sinclair. Avant, ce n’étaient que des hommes, même pour les reportages. Je ne pouvais pas non plus prétendre à être journaliste politique, car je n’avais pas fait d’école. Alors quand j’ai appris que Michel Cardoze partait, j’ai proposé ma candidature pour la météo. J’ai fait un mois de stage à Météo-France et je me suis formée avec Alain Gillot-Pétré. Puis j’ai été prise. Cela me plaisait vraiment. La météo, c’est de l’information à part entière.
Présenter la météo a beaucoup changé depuis vos débuts ?
Les choses ont changé, mais petit à petit. Comme on le disait avec Etienne Mougeotte (ex-vice-président du groupe TF1 et directeur d’antenne de la chaîne, NDLR) et aujourd’hui avec Thierry Thuillier, le directeur de l’information du groupe TF1, la météo, c’est une évolution, pas une révolution. C’est très important parce que les gens ont des repères. Mais Météo-France a fait des progrès incroyables en matière de prévisions. Avant, on les faisait pour le jour même et le lendemain, voir le surlendemain. Aujourd’hui, on va jusqu’à six ou sept jours avec une tendance. Quand j’ai commencé, les masses d’air n’existaient pas. Aujourd’hui, grâce aux radars, on peut distinguer la neige de la pluie ou du verglas.
Aujourd’hui, vous faites véritablement partie de l’ADN de TF1. Vous vous en rendez compte ?
C’est ce qu’on me dit souvent dans la rue ! Les jeunes me disent qu’ils ont grandi avec moi, que je fais partie de la famille, ça me touche. Hier, quelqu’un m’a même dit que j’étais sa madeleine de Proust (elle rit). C’est une jolie reconnaissance. Mais même si je fais ça tous les jours depuis longtemps, je me remets toujours en question.