Les préfectures de Corse demandent aux habitants d’abandonner leurs armes.
Ils pourront les amener dans les commissariats sans risquer de poursuites judiciaires.
La détention d’armes est bien plus fréquente sur l’île de Beauté qu’ailleurs en France.
L’opération aura lieu du 28 avril au 4 mai. À ces dates, les Corses pourront « déposer les armes » via une opération d’abandon simplifié, ont annoncé les préfectures de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ce vendredi 11 avril. L’île connaît un taux de détention d’armes à feu plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale.
Tout détenteur d’armes ou de munitions non déclarées pourra s’en dessaisir en toute sécurité et sans aucune conséquence administrative ou judiciaire
Tout détenteur d’armes ou de munitions non déclarées pourra s’en dessaisir en toute sécurité et sans aucune conséquence administrative ou judiciaire
Préfectures de Haute-Corse et de Corse-du-Sud
Pointant « une situation préoccupante en matière de détention et d’usage d’armes à feu en Corse » avec « un taux de détention d’armes atteignant 350 armes pour 1.000 habitants en 2022 », soit « plus du double de la moyenne nationale qui est de 150 armes pour 1.000 habitants », les autorités organisent cette opération du 28 avril au 4 mai.
Pendant cette période, « tout détenteur d’armes ou de munitions non déclarées pourra s’en dessaisir en toute sécurité et sans aucune conséquence administrative ou judiciaire » et de façon totalement gratuite, précisent-elles. Ces armes, y compris celles détenues légalement, pourront être ramenées dans les brigades de gendarmerie ou les commissariats de police des principales villes corses.
18 homicides en 2024
Cette importante détention d’armes s’explique notamment par un grand nombre de chasseurs. La Corse compte ainsi « plus de 17.000 détenteurs d’un permis » de chasse, soit « un homme sur cinq » sur l’île, indique la Fédération départementale des chasseurs de Corse-du-Sud. Mais l’île est aussi « au premier rang national » en termes d’homicides rapportés à la population, avec « 18 homicides et 16 tentatives d’homicides » en 2024 pour 355.000 habitants – l’équivalent de la ville de Nice –, avait rappelé en janvier le préfet de Corse, Jérôme Filippini.
Depuis le début de l’année, sept homicides, dont six règlements de comptes, ont déjà ensanglanté la Corse. « Cette violence n’est pas une fatalité », avait assuré le préfet, estimant que la Corse « porte en elle les ressources » pour « échapper à cette histoire. Mais il faut le vouloir et le décider ensemble », avait-il insisté en annonçant son intention d’organiser cette opération.
« Je ne m’illusionne pas sur le fait que les bandits qui détiennent des armes ne vont pas venir à la gendarmerie pour les déposer mais moins il y aura d’armes présentes en Corse, mieux nous nous porterons », a insisté le préfet fin février lors de la présentation du bilan de la délinquance. Avec plus de 120 armes à feu pour 100 habitants, selon le programme de recherche Small Arms Survey, les États-Unis se placent au premier rang mondial.