Homard breton au miso. Macaron au wasabi. Tempura de sole normande. La gastronomie française a tout à gagner de l’influence japonaise. Et réciproquement. Depuis 2001, et l’implantation d’une usine Toyota près de Valenciennes (Nord), cela se vérifie aussi en matière automobile.
Pomponnée comme pour un rendez-vous Tinder, la 5 millionième Toyota Yaris produite dans l’usine d’Onnaing a été fêtée, mardi 26 novembre, par une pluie de confettis bleus, blanc et rouges et l’annonce de la conversion de 600 emplois précaires en CDI – sur un total de 5 000 salariés.
Saluant « une histoire galvanisante », Marc Ferracci, le ministre délégué à l’industrie, en a profité pour régler quelques comptes. Alors que l’explosion des défaillances dans la filière automobile interroge sur la qualité de la relation avec les donneurs d’ordres, le ministre a vanté à l’envi le modèle « plus respectueux » de partenariat avec les sous-traitants mis en place par le groupe japonais.
Question de l’électrification
« Vous nous avez montré qu’une industrie automobile était possible en France », a même lancé M. Ferracci aux dirigeants de Toyota. Un message désobligeant sur la terre natale des Renault, Citroën et Peugeot, mais pas immérité quand ces derniers n’ont eu de cesse de délocaliser la production de leurs petites citadines, arguant qu’ils ne pouvaient absorber sur ces formats les surcoûts liés au « made in France ». La plupart des Clio de Renault sont fabriquées à Bursa, en Turquie, les 208 de Peugeot assemblées en Slovaquie ou au Maroc…
A se demander la recette miracle de Toyota pour maintenir et même augmenter sa production à Onnaing, première usine automobile en France. Le savoir-faire industriel du constructeur, sa spécialisation sur les SUV hybrides semblent faire la différence. La localisation au cœur de l’Europe facilite aussi l’exportation de 85 % des Yaris sorties de la chaîne à Onnaing.
Evidemment, ce succès laisse en suspens la question de l’électrification. Quand les Renault et Peugeot prennent péniblement le virage de la voiture 100 % électrique, Toyota appuie sur le champignon avec ses motorisations hybrides. Le Japonais se refuse à dire quand et surtout où il compte passer au tout électrique en Europe. Pour Valenciennes, cela a un petit goût de fugu, ce fameux poisson japonais, mortel s’il est mal préparé.