- Après une rupture, certaines personnes se lancent vite dans une relation pansement, sans en avoir conscience.
- Cette relation sert à fuir la douleur et combler le vide affectif, elle peut retarder le travail sur soi et la guérison émotionnelle.
- La thérapeute Anissa Ali livre ses conseils à TF1 info pour sortir de ce type de dynamique pour « aimer mieux ».
Après une rupture, chacun a sa manière de gérer l’après. Certaines personnes vont prendre le temps de prendre soin d’elles, de digérer, d’autres vont tout de suite chercher une nouvelle relation et se mettre en couple. On appelle ça, la relation pansement. « C’est quand on se met avec quelqu’un non pas parce qu’on est disponible affectivement, mais parce qu’on a mal
« , explique à TF1 info la thérapeute Anissa Ali. « Dans la littérature psy, on parle d’une relation d’évitement émotionnel, où l’autre devient une stratégie pour fuir la douleur plutôt qu’un partenaire à rencontrer
« . Le but de cette relation est d’anesthésier la douleur. L’autre joue un rôle : une distraction, une réparation, faire oublier l’ex, le vide, le manque ou la rupture.
Derrière ce mécanisme, les personnes cherchent à combler la peur du vide affectif, elles ont besoin de validation, notamment après une rupture. Elles n’ont pas réussi à guérir la blessure d’abandon. L’autre sert à combler ce qui vient d’être perdu. En effet, il y a « la peur d’être seul face à soi, à ses traumas, à ses insécurités »,
ajoute Anissa Ali. « la relation pansement n’est jamais un hasard : elle répond à une douleur précise que la personne ne parvient pas, ou pas encore, à réguler par elle-même
« .
Les personnes qui se lancent dans ce type de relation n’en ont pas forcément conscience et ont tendance à se retrouver souvent dans des relations pansement. Ces individus « n’ont pas appris à tolérer le vide, ni la frustration, ni le deuil, elles ont une faible sécurité affective, un système nerveux qui panique dès qu’il perd un repère
« , indique la thérapeute. Souvent, ils confondent être seuls avec être abandonnés et parce que le logiciel est brouillé, « l’illusion d’intensité ressemble souvent, dangereusement, à l’amour
« , pour eux.
La plupart du temps, « elles pensent avoir rencontré quelqu’un, en réalité, elles ont rencontré une fonction, mais notre cerveau sait très bien fabriquer de jolis récits pour justifier nos mécanismes d’évitement
« . Et on se rend compte que la relation était un pansement, une fois qu’il se décolle, mais tant qu’il est placé sur la blessure, « à court terme, elle peut faire du bien, réconforter, faire office de refuge : c’est doux, c’est rassurant, c’est une morphine affective
« . Mais cette morphine cache la réalité, les blessures à réparer. Surtout, elle empêche le deuil amoureux et recule le travail sur l’estime et la confiance en soi, un travail essentiel après une rupture.
Comment reconnaître une relation pansement ?
Dans une relation pansement, l’autre vous accompagne. Il est à la fois le thérapeute, l’infirmier, la béquille émotionnelle, le booster d’égo. Le lien se construit autour d’un manque et sert à éviter la douleur, contrairement à une relation saine dans laquelle le « partenaire ne panse pas la blessure à votre place : il vous laisse la traverser, il reste présent, stable, il n’endosse pas un rôle
« . La thérapeute identifie trois signes pour reconnaître une relation pansement. D’abord, la vitesse. « Tout est trop rapide, trop collé, trop fusionnel, comme si on se noyait et qu’on s’accrochait à la première bouée
« , remarque Anissa Ali. Ensuite, il y a une forte intensité émotionnelle : « on vit un ‘coup de foudre thérapeutique’, pas un coup de foudre amoureux. L’autre apaise, mais ne touche pas vraiment
« . Elle souligne qu’il y a un décalage, « on parle beaucoup de l’ex, de la rupture, de ‘ce qu’on ne veut plus’, mais très peu de la personne en face
« . Enfin, dans une relation saine, on se projette, on parle du futur, de manière naturelle, alors que dans une relation pansement, il n’y a pas de projection, ou très peu, « on tourne plus globalement autour du passé…on ne s’élance pas, mais on panse
« .
Pour la thérapeute, la relation pansement « peut durer comme un petit séjour dans une retraite ou dans un hôpital. Quand on est guéri… on en sort »
. Et parfois, cela peut durer des années, mais les fondations restent fragiles, « comme si rien ne poussait vraiment, parce qu’on a bâti la relation sur une douleur, pas sur un choix conscient
« .
Pour la thérapeute, se relancer tout de suite dans une relation n’est pas une bonne idée, surtout si on veut aimer mieux. Selon elle, il est important de laisser son cœur se réparer et son système nerveux se recalibrer. Elle estime qu’aller trop vite et relationner trop tôt, « c’est comme courir avec une entorse : ça donne l’impression d’avancer, mais hélas ça aggrave la lésion
« . Elle conseille ainsi de s’accorder un vrai temps de digestion émotionnelle, d’identifier ses besoins avant de chercher quelqu’un pour les remplir, de ne pas être dans la quête immédiate de validation. Et de se poser une question : « Est-ce que j’aime la personne… ou ce qu’elle m’évite de ressentir ?
« .







