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SONIQUE – À LA DEMANDE – PODCAST
Le Red Star FC a-t-il conclu un pacte faustien ? L’un des plus vieux clubs de football français – il a été fondé en 1897 par Jules Rimet (créateur de la Coupe du monde en 1930), seul celui du Havre est plus ancien – s’apprête à faire son retour en fanfare en Ligue 2.
Le club revient dans l’élite avec un stade Bauer flambant neuf et un nouveau centre de formation. De quoi satisfaire les fervents supporteurs ? Pas tout à fait. Il est quelque chose d’inestimable qu’ils pourraient perdre en route : l’âme du Red Star ouvrier et populaire dont les valeurs d’inclusion ont peu d’égales en France.
Car, pour rénover son enceinte historique qui porte le nom de Jean-Claude Bauer, un médecin communiste et résistant, fusillé par les nazis au Mont-Valérien, en 1942, et s’offrir le nouveau centre de formation, le Red Star a changé de mains. Il a été vendu au fonds d’investissement américain 777 Partners, qui pratique la multipropriété, détenant également le Hertha Berlin, le club brésilien de Vasco de Gama, le Genoa CFC en Italie ou le Standard de Liège en Belgique.
Non seulement le nouveau propriétaire incarne la financiarisation du football, à l’extrême opposé des valeurs du club audonien et de ses très fidèles soutiens de l’ancienne « banlieue rouge » ; mais, en outre, sa solvabilité pose régulièrement question alors qu’une volée de procédures judiciaires pour fraudes déferle actuellement sur lui aux Etats-Unis. La faillite ne peut être exclue.
Cette vente est « une trahison », affirme, dans le podcast documentaire diffusé sur le studio Sonique, Vincent Mezence, porte-parole de la tribune Rino-Della-Negra, du nom d’un autre résistant, italien, joueur du club, également fusillé par les nazis, en 1944.
Comment rester un club populaire et progressiste en tombant dans l’escarcelle fragile d’un fonds d’investissement qui pratique le multi-club ownership ? Quelques pistes affleurent dans ce documentaire en quatre parties, narré par le musicien et rappeur audonien Tuco Gadamn, célèbre, sous le nom de Nathy Boss, pour le morceau Le Son qui tue.
Ouvrier et antifasciste
Du mythique stade Bauer, au cœur de la ville de Saint-Ouen, à la tribune Rino Della Negra, les documentaristes déroulent l’histoire ouvrière et antifasciste du club. Dans le troisième épisode, place au Red Star FC d’aujourd’hui, qui continue d’avoir un rôle notable dans la cohésion sociale avec son centre de formation mixte d’élite, mais aussi ses initiatives d’éducation populaire.
Le dernier épisode pose la question de sa survie à moyen et long termes : Steve Marlet, ancien joueur et conseiller du président du club, Patrice Haddad, veut croire à une montée en Ligue 1 après la Ligue 2.
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Eric Coquerel, député LFI de la première circonscription de Seine-Saint-Denis, espère pouvoir légiférer contre le fléau de la multipropriété des clubs. Comment continuer de proposer une tarification abordable, un stade vivant et des valeurs à rebours de la performance et de l’individualisme, fréquents dans le sport de haut niveau ?
A Bauer, les supporteurs ont coutume de rugir lorsque leur équipe marque « et chantent encore plus fort quand elle encaisse ». Le Red Star FC n’a pas fini de rugir.
Une étoile rouge ne meurt jamais, podcast réalisé par Nicolas Bigards, Niki Demiller et Christophe Payet (Fr., 2024, 4 × 30 à 35 min). Disponible à la demande sur la chaîne YouTube de Sonique.