C’est à la fois une épitaphe, un réquisitoire et une opération vérité. Pour son tout dernier rapport, publié le 3 décembre, l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar) – chargé par le Congrès américain de veiller sur l’emploi des fonds publics des Etats-Unis – dresse un bilan sans concession des vingt-trois ans de présence américaine dans ce pays. Cet organisme officiel met, en effet, la clé sous la porte, le 31 janvier 2026, après la décision, début 2025, de Donald Trump de mettre fin aux programmes de coopération dans le monde. Cette fin de mission brutale explique sans doute la liberté de ton de son auteur, qui livre un tableau inédit des sommes colossales perdues dans ce pays et n’élude pas les responsabilités politiques d’un échec historique de l’administration américaine.
Créé en 2008 par le Congrès, le Sigar publiait jusque-là des rapports trimestriels assez techniques, qui rendaient compte de son travail de contrôle dossier par dossier. Cette fois, et c’est une première, il s’affranchit de son mandat relatif à la bonne utilisation des deniers publics du contribuable américain et s’autorise une analyse globale. « La mission promettait d’apporter la stabilité et la démocratie en Afghanistan, mais n’a finalement abouti à aucun des deux objectifs », écrit Gene Aloise, l’inspecteur général du Sigar, qui ajoute : « L’effondrement fulgurant du gouvernement afghan en août 2021 a mis à nu (…) le fossé entre ambition et réalité [qui] était immense et des objectifs qui se sont révélés irréalistes. »
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