« Trésor national vivant » (人間国宝, Ningen Kokuhō) est une expression japonaise qui désigne les artisans et les artistes certifiés conservateurs de biens culturels immatériels. Ainsi, le ministère de l’éducation japonais distingue celles et ceux qui, par leur excellence dans l’art du kimono, par exemple, transmettent un savoir-faire unique et le patrimoine qu’il génère. Ce pays admirable, où modernité et tradition se côtoient, et qui a avec l’Europe et avec la France en particulier un lien profond sur le plan philosophique et artistique, comme en témoignent les emprunts réciproques, est aussi, avec la Norvège et l’Islande, un des trois pays au monde où l’on continue à pratiquer la chasse à la baleine.
Chacun a pu voir, sur les vidéos de l’ONG Sea Shepherd (littéralement, « le berger de la mer ») et de toutes les associations de protection animale, ces bains de sang. On imagine la frayeur des mammifères marins, harponnés dans les eaux territoriales de ces pays, ainsi qu’autour des îles Féroé et au Groenland.
Depuis 1986, la chasse à la baleine fait l’objet d’un moratoire, et la communauté scientifique alerte sur la menace de disparition pesant sur les mammifères marins, qui sont souvent déjà victimes de collision avec les bateaux ou meurent après avoir été pris accidentellement dans des filets de pêche.
Le militant qui a sauvé 5 000 cétacés
Pourtant, c’est dans ce contexte que le Japon a inauguré, le 21 mai 2024, le Kangei-Maru, le plus gros baleinier jamais construit. C’est ce navire que Paul Watson avait l’intention d’arrêter en s’interposant avec son bateau pour empêcher le harponnage des mammifères marins.
Le militant qui a sauvé 5 000 cétacés était prêt, encore une fois, à risquer sa vie pour une baleine, mais sans blesser quiconque. Car jamais ses actions n’ont causé de blessures à un être humain ni entraîné de dommages significatifs sur le matériel d’autrui. Il a cependant porté un préjudice moral non pas au Japon, mais à celles et ceux qui veulent développer un commerce profitant à une poignée de nantis.
Arrêté le 21 juillet au Groenland quand il accostait pour se ravitailler en carburant, Paul Watson, âgé de 73 ans, est en prison à Nuuk et menacé d’extradition vers le Japon, alors qu’il est, aux yeux de beaucoup d’entre nous et, aujourd’hui peut-être du monde entier, l’ambassadeur de la mer et de la vie marine, c’est-à-dire un trésor mondial vivant.
2 % des Japonais mangent de la viande de baleine
Le Japon a quitté la Commission baleinière internationale en 2019 pour reprendre la chasse à la baleine à des fins commerciales. Pourtant, à peine 2 % des Japonais mangent de la viande de baleine et le rôle des cétacés dans la préservation de l’écosystème marin est reconnu.
Il vous reste 49.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.