- Depuis la démission de Sébastien Lecornu, la gauche hors LFI revendique une fois de plus Matignon, une hypothèse évoquée lors des consultations du Premier ministre démissionnaire.
- Si une alliance entre socialistes, écologistes et communistes était appelée au gouvernement, aurait-elle des chances de ne pas être censurée ? TF1info fait les calculs.
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Sébastien Lecornu démissionne, la France s’enfonce dans la crise politique
Comment sortir de la crise politique ? C’est la grande question à laquelle le président de la République Emmanuel Macron va devoir répondre, après la démission lundi matin de son Premier ministre Sébastien Lecornu, quatorze heures à peine (nouvelle fenêtre) après avoir formé un gouvernement. Pour tenter d’y voir plus clair, le chef de l’État a confié à l’ex-ministre des Armées le soin de mener quarante-huit heures « d’ultimes négociations »
avec les forces politiques.
Plusieurs solutions se dessinent, parmi lesquelles une dissolution de l’Assemblée nationale (nouvelle fenêtre), un nouveau gouvernement socle commun-LR… ou un Premier ministre de gauche, a détaillé mardi le président du groupe LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, lors d’une visio avec les députés de son groupe. Cette dernière hypothèse, qui pourrait permettre aux socialistes, aux écologistes et aux communistes de gouverner, a-t-elle des chances d’éviter la censure au Palais Bourbon ? Sortons les calculatrices.
Un gouvernement socialo-écolo-communiste reposerait sur 124 députés
Pour gouverner sans risque d’être renversé, un bloc doit détenir la majorité absolue de l’Assemblée, soit 289 sièges. Le Parti socialiste, en prenant en compte ses membres apparentés, compte 69 députés. Les écologistes, eux, disposent de 38 élus. Un peu plus que la gauche démocrate et républicaine (Parti communiste) et ses 17 sièges. Soit, au total, 124 députés, très loin de la majorité absolue.
Pour qu’une telle alliance ne soit pas renversée, elle aurait donc besoin que 165 députés d’autres groupes parlementaires s’engagent à ne pas la censurer. Interrogée ce mercredi sur BFMTV (nouvelle fenêtre), la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, s’est montrée très sévère à l’égard du patron du PS Olivier Faure, qu’elle accuse de « discuter avec la macronie »
. « Mais je n’ai pas dit que nous censurerions un gouvernement uniquement composé des socialistes, des communistes et des écologistes. À ce moment-là, nous verrions ce qui se fait. »
Un chemin étroit, mais pas totalement inexistant, qui pourrait donc permettre à un Premier ministre de gauche d’éviter la censure des 71 députés LFI et apparentés.
Le RN « censure tout », la main dans le camp des macronistes ?
Dans ce cas de figure, un tel gouvernement devrait encore convaincre 94 députés de ne pas censurer. Ils ne sont pas à trouver du côté des 123 élus du Rassemblement national (RN). « Je censure tout maintenant, tout »
, a encore affirmé leur patronne Marine Le Pen ce mercredi, elle qui ne réclame que dissolution ou démission d’Emmanuel Macron. Ni des 15 députés de l’Union des droites pour la République (UDR) d’Éric Ciotti, sur la même ligne.
PS, PCF et écologistes auraient-ils une chance d’obtenir l’aval des Républicains et leurs 50 députés ? Le pari semble tout aussi complexe, tant le patron du parti Bruno Retailleau se montre virulent face à la gauche. Interrogé lundi au 13H de TF1, le ministre démissionnaire de l’Intérieur a souligné qu’il était « hors de question »
pour son parti de « cautionner un Premier ministre de gauche »
, puis a appelé le lendemain sur Europe 1 à « ne pas voter pour la gauche »
face à l’UDR/RN dans une législative partielle du Tarn-et-Garonne.
La non-censure d’un gouvernement de gauche se trouverait alors dans les mains du socle commun : Ensemble pour la République (91 députés), le MoDem (36 députés) et Horizons (34 députés). Ce qui ne paraît pas franchement gagné. La députée macroniste Maud Bregeon l’a ainsi fait savoir sur X (nouvelle fenêtre) dès mardi soir : « je n’accepterai pas un gouvernement mené par Olivier Faure »
, a-t-elle indiqué, tandis que le parti d’Édouard Philippe s’oppose à une suspension de la réforme des retraites, à laquelle tient particulièrement le PS.
Ce bloc dit « central » irait-il jusqu’à censurer un gouvernement de gauche ? Si tel était le cas, l’exécutif serait forcément renversé : l’Assemblée nationale compte aussi dans ses rangs le groupe Liot (22 députés) et les non-inscrits (9 députés), mais dont le poids est trop faible pour garantir à eux-seuls le maintien au pouvoir d’un tel gouvernement.








