Sept. Ce n’est pas un nombre d’or, mais c’est le chiffre que l’industrie automobile américaine essaie – sans le froisser – de faire entrer dans la tête de Donald Trump. Sept, c’est le nombre de fois qu’un moteur ou un actionneur, cette petite pièce qui permet d’avancer ou de reculer son siège, traverse une frontière entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, avant d’être finalement livré dans la voiture au client. Imaginez le surcoût de les taxer à 25 % à chaque passage.
Pour l’instant, les constructeurs bénéficient d’un sursis. Pas de droits de douane avant le 2 avril, à certaines conditions. Mais l’épée de Damoclès est là. Tout comme celle qui menace les constructeurs européens qui exportent aux Etats-Unis. Plus les semaines passent, plus on voit clair sur les conséquences dévastatrices de ces droits de douane, ces tariffs, qui, selon Donald Trump sont « le plus beau mot du dictionnaire ». En dépit de cette évidence, plus les semaines passent, moins les experts sont optimistes.
Tel est le cas de l’étude publiée début mars par le cabinet S&P Global Mobility, spécialisé dans l’analyse de données et la mesure du risque. Il évalue trois scénarios. Le premier – une solution rapide écartant l’essentiel des droits de douane – n’a plus que 30 % de probabilités. C’est celui sur lequel les constructeurs comptaient, mais l’exemple de l’acier, sur lequel Trump n’a pas cédé, montre sa détermination. Le deuxième scénario – une longue période de chaos de seize à vingt semaines avant qu’on y voie plus clair – est désormais jugé le plus probable : une chance sur deux. Il va mettre l’industrie au ralenti. Le troisième, baptisé l’« hiver des droits de douane », obligerait à reconfigurer et à relocaliser les chaînes de production pour éviter ces surtaxes, ce qui prendrait du temps et coûterait très cher. Il est loin d’être exclu : 20 % de probabilités selon S&P.
Risque d’une flambée des coûts
D’où l’importance de comprendre le circuit d’une voiture avant qu’elle arrive chez le concessionnaire. Pourquoi un petit actionneur de siège traverse-t-il sept fois la frontière ? Des journalistes de l’agence Bloomberg ont suivi son parcours. Il commence dans le Colorado où une société américaine importe d’Asie des composants électroniques. Elle les revend à une entreprise du Michigan, qui fabrique des circuits imprimés. Celle-ci les achemine au Mexique pour les intégrer à ses circuits, qui sont ensuite envoyés au Texas, pour des raisons réglementaires et de contrôle.
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