En janvier 2026, le célèbre photojournaliste américain Steve McCurry, de l’agence Magnum, promènera son objectif en Birmanie, plongée dans la guerre civile depuis le coup d’Etat de 2021. Plutôt que de documenter les attaques aériennes de la junte qui ciblent les écoles, les hôpitaux ou encore les camps de déplacés, le photojournaliste fera découvrir la « culture vibrante » et la « beauté sereine des paysages » à une dizaine de riches touristes.
Chacun a déboursé entre 10 395 et 10 945 euros pour participer à un atelier photo de huit jours, organisé par l’agence danoise Better Moments. Au programme : une croisière sur le fleuve Irrawaddy, une séance photo pour capturer une « procession de moines avançant silencieusement dans les ruelles étroites de Mandalay, baignées d’une douce lumière matinale », ou encore des « tisserands traditionnels, travaillant la soie et les fibres de lotus pour créer de magnifiques textiles ».
Les opposants à la junte au pouvoir se sont étranglés en découvrant l’existence de ce séjour. D’autant que Steve McCurry n’est pas n’importe qui. L’auteur du célèbre portrait d’une jeune Afghane aux yeux verts publié en couverture de National Geographic en 1985 a couvert, lors de sa prolifique carrière, de nombreuses zones de conflit. « Comment un photojournaliste peut-il emmener des touristes admirer des couchers de soleil dans un pays qui est à feu et à sang ? », s’interroge Johanna Chardonnieras, coordinatrice de l’ONG Info Birmanie.
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