L’accord est une « priorité » pour l’Argentine. L’ex-ministre des affaires étrangères, Diana Mondino, limogée le 4 novembre, avait profité d’un déplacement à Bruxelles, en mai, pour rappeler l’engagement du gouvernement ultralibéral de Javier Milei à sceller un accord visant à réduire ou à lever les barrières commerciales entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur – dont l’Argentine, avec le Brésil, est un poids lourd, le Paraguay et l’Uruguay complétant les membres fondateurs du marché commun du Sud.
Des champs de soja, de blé et de maïs à perte de vue, des élevages de vaches dont la viande fait la marque de fabrique du pays : le secteur agricole est le cœur battant de l’économie argentine et représente à lui seul 63 % des exportations du pays vers l’UE, selon un document du Mercosur datant de 2019. Aussi, l’agro-industrie est-elle le secteur qui place le plus d’attentes dans un éventuel accord, en particulier celui de l’élevage bovin. Selon une étude présentée en 2021 par la Commission européenne, « dans le cadre de l’accord avec le Mercosur, l’UE autorisera 99 000 tonnes de viande bovine à entrer sur son marché », précisant que « ce volume ne sera toutefois atteint qu’au bout de cinq ans ». Selon les deux scénarios envisagés, cela représenterait une augmentation de 30 % ou de 64 % des importations de viande provenant du Mercosur, tous pays confondus, d’après un calcul de la London School of Economics datant de 2020.
Côté argentin, les attentes dépassent la filière de la viande bovine. « Il y a aussi des opportunités pour la viande de porc, de poulet, les produits laitiers, surtout le lait en poudre et le fromage, le riz, le miel, le maïs », énumère Julieta Zelicovich, spécialiste argentine en relations internationales et membre du think tank Fundar. Elle souligne cependant le « manque de transparence, surtout côté Mercosur », du contenu des dernières négociations, postérieures à l’accord de principe de 2019. D’après la chercheuse, le secteur de la biotechnologie devrait également « bénéficier d’une expansion ».
« On anticipe des retombées pour les économies régionales : le vin de Mendoza (ouest), les poires et des pommes de Rio Negro (sud), le riz de Corrientes (nord-est), les cacahuètes de Cordoba (centre), les olives de La Rioja (nord), le tabac de Salta (nord-ouest) », égrène Federico Lavopa, consultant en commerce international et ex-sous secrétaire au commerce extérieur au sein du ministère de la production (2018-2019), au moment où l’Argentine négociait en vue de l’accord de principe. Le secteur des services est aussi « à fort potentiel », selon un document du Mercosur datant de cette époque.
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