Tel un général en guerre inspectant un village en ruine arraché à l’ennemi, Donald Trump a passé quelques heures, lundi 17 mars, au Kennedy Center, principal lieu de spectacle de Washington et phare culturel du pays. Le nouveau président des Etats-Unis a réalisé un putsch sur le site, et il le dit à sa façon : « Nous en avons pris le contrôle. »
C’est comme si Emmanuel Macron, mécontent de la programmation à l’Opéra de Paris ou au Louvre, décidait d’en licencier les patrons pour les remplacer lui-même. Exagéré ? Non. Trump a viré la directrice du Kennedy Center, il a purgé le conseil d’administration et l’a repeuplé de proches, par exemple le chanteur country Lee Greenwood (son tube God Bless the USA est un hymne de la campagne de Trump) et deux figures de la chaîne conservatrice Fox News. Il s’est autoproclamé président du centre culturel après avoir écarté celui en place. Il vient d’animer une première réunion de travail. Comme s’il n’avait rien d’autre à faire.
Pour la première fois en un demi-siècle, un président des Etats-Unis piétine le principe de neutralité qui régissait jusqu’ici cet établissement dépendant de l’Etat fédéral, que républicains et démocrates pilotaient en bonne entente, laissant l’idéologie au vestiaire et les artistes créer.
Ce n’est pas un hasard si Trump fait un putsch dans ce fleuron culturel. Pas un hasard s’il y passe du temps. Pas un hasard s’il y voit une arme contre les élites de gauche, qu’il entend humilier. Déjà, c’est un des rares endroits où il peut agir, car dépendant de l’Etat fédéral, alors que l’immense majorité des musées ou des salles de spectacle du pays sont régis par des acteurs privés. Les services de la Maison Blanche n’apportent que 16 % des 268 millions de dollars de budget, soit 247 millions d’euros (le reste vient de la billetterie et de mécènes), mais Trump en est bien le patron ; il a annoncé sa nomination sur son réseau social en mimant les gestes d’un chef d’orchestre.
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