Les traversées clandestines de la Manche ont fait déjà 72 morts cette année, a rappelé Bruno Retailleau ce vendredi depuis le Pas-de-Calais.
Le ministre de l’Intérieur a appelé le Royaume-Uni à ne pas se contenter de déléguer le « gardiennage » de sa frontière à la France.
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Crise des migrants : naufrage meurtrier au large de Calais
Bruno Retailleau prêt à aller au « bras de fer » avec Londres. Confronté à une recrudescence des traversées clandestines de la Manche par des migrants, le ministre de l’Intérieur a appelé le Royaume-Uni à ne pas se contenter de déléguer le « gardiennage » de sa frontière à la France.
« Le Brexit a détruit toutes les relations migratoires » avec le gouvernement britannique, a déploré le ministre ce vendredi lors d’un déplacement à Ambleteuse, dans le Pas-de-Calais. Et Bruno Retailleau de plaider pour « une voie d’admission légale avec des critères en termes économiques, de regroupement familial ».
« On doit changer cette relation »
« Il y a un bras de fer à engager. J’espère que nous n’en arriverons pas là, mais on doit changer cette relation« , a estimé Bruno Retailleau, qui se rendra le 10 décembre à Londres pour une rencontre associant outre la France et le Royaume-Uni, des représentants des Pays-Bas, de l’Allemagne et de l’Irlande. « Le bras de fer, c’est assez simple, c’est à un moment donné, si les choses ne progressent pas, on dénoncera les accords du Touquet » signés entre Londres et Paris, a-t-il menacé. Depuis 2004, ces accords fixent sur le sol français les contrôles des personnes en partance vers le Royaume-Uni . Avec une efficacité relative : un nombre record d’au moins 72 candidats à l’exil sont morts depuis le 1ᵉʳ janvier en tentant de rallier l’Angleterre par la mer, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
L’hôte de la place Beauvau obtiendra-t-il gain de cause ? Seule certitude : le sujet de l’immigration, légale comme illégale, est sensible pour le nouveau gouvernement travailliste . Celui-ci a annoncé jeudi un « plan » pour réduire les arrivées, durcissant les conditions d’embauche de travailleurs étrangers et les sanctions pour les entreprises en infraction sur les règles en matière de visas.
Côté français, Bruno Retailleau a annoncé des renforts de police, la nomination d’un représentant spécial sur l’Immigration au ministère, et une mission de lutte contre l’immigration clandestine sur le littoral, confiée au nouveau préfet délégué pour la défense et la sécurité dans les Hauts-de-France, Vincent Lagoguey. Environ 200 personnes supplémentaires seront déployées pour renforcer les équipes locales de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), la police aux frontières (PAF), les commissariats de Calais et Dunkerque ou encore pour intervenir dans les bus et trains.
Une association venant en aide aux migrants s’est inquiétée des annonces du ministre, y voyant « la poursuite de la militarisation du littoral » en dépit de « l’inefficacité de cette politique ». « Le Royaume-Uni a déjà criminalisé les personnes arrivées clandestinement, ce qui n’a eu aucun impact sur les départs », a souligné Flore Judet, coordinatrice de l’Auberge des Migrants. Les associations demandent l’augmentation des moyens de secours en mer « pour que la Manche cesse d’être un cimetière« .