Voici lancé le chien fou du Tour de France. Débute la saga d’un cycliste éternellement jeune d’esprit, amateur de jeu et semeur de chaos, dans une épreuve de vieux codes, de hiérarchies figées à la glu, de stratégies plus ou moins faciles à anticiper. C’est le Belge Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), 24 ans, première participation au Tour de France et qui tient pour l’instant toutes ses promesses de faire tomber une à une les quilles d’un beau bowling.
Que le spécialiste du contre-la-montre s’impose dans l’exercice ne représente pas une surprise, ce vendredi 5 juillet, au terme de la cinquième étape, un « chrono » de 25 kilomètres entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or), sur la route des grands crus classés de Bourgogne. Le rouleur avait reconnu le terrain depuis le mois de décembre, longtemps avant ses adversaires. Malgré un problème de pneu en fin d’étape, qui lui a fait perdre une poignée de secondes, Evenepoel conforte sa deuxième place au classement général, 33 secondes derrière le Slovène Tadej Pogacar (UAE-Emirates), 42 secondes devant le Danois Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike) et 1 min 3 s devant l’autre Slovène, Primoz Roglic (Red-Bull-Bora Hansgrohe).
Au-delà des chiffres, ce qui intrigue les observateurs – coureurs, directeurs sportifs, entraîneurs, journalistes et autres suiveurs –, c’est une accumulation de détails évanescents et d’attitudes fugaces, une impression générale que Remco Evenepoel domine son sujet, loin de la fébrilité dont il est souvent la proie. La question de sa transformation physique laisse aussi soupçonner de futurs coups d’éclat. Ses joues creuses en témoignent. Il a perdu du poids depuis le Critérium du Dauphiné il y a un mois. « Deux kilos et demi », indique-t-il. Ce qui représente un gain théorique énorme de 2 min et 30 secondes par tranche de dix kilomètres lorsque se présentera la haute montagne.
Organisme profondément secoué
Ce changement de gabarit pouvait faire craindre une érosion de sa puissance sur le plat, ce qui ne fut pas complètement le cas dans le contre-la-montre viticole de ce vendredi 5 juillet, où le spécialiste parvient à creuser les écarts, mais, il est vrai, peut-être moins que d’habitude, repoussant Pogacar de seulement 12 secondes. Mais cette fonte de masse corporelle pouvait surtout entraîner des effets délétères sur sa santé, tant elle fut rapide. C’est à huis clos qu’Evenepoel se lançait dans cette mue biologique, puisque, une semaine avant de s’élancer dans le Tour de France, il déclarait forfait pour les championnats nationaux, obligatoires en Belgique.
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