BFM-TV – LUNDI 5 FÉVRIER À 20 H 50 – DOCUMENTAIRE
Kylian venait d’avoir 6 ans quand son père, Omar, l’emmena en Syrie, en juillet 2015. Un combat commence alors pour sa mère, Nelly, restée seule. La jeune femme n’a « qu’une seule chose en tête : récupérer [son] enfant », dit-elle dans le documentaire que BFM-TV consacre à son histoire.
Une histoire dont on saura tout… et rien. Pour des raisons de sécurité, c’est sous pseudos que sont mis en scène Kylian et Nelly (interprétée par une actrice) et sans aucune indication du lieu où ils vivent. Ou plutôt où ils revivent, après avoir été séparés si longtemps. Il en va tout autrement en Belgique, où la réalisatrice Fanny Morel est allée voir comment Samira s’efforce d’élever ses petits-enfants nés en Syrie, d’une mère djihadiste incarcérée après son retour – que ses enfants viennent voir au parloir, accompagnés par leur grand-mère.
En France, la réinsertion de Kylian, rentré en 2023, ne va pas de soi. Sa mère est confrontée à la complexité des procédures, au soupçon, à l’intransigeance des autorités françaises pour rapatrier des mineurs au cas par cas – 324 l’ont été depuis 2019.
Dans un premier temps, Nelly va devoir se débrouiller seule. Le père ayant été tué dans un bombardement dès 2016, le gamin fut pris en charge par sa compagne, « très radicalisée et qui n’entendait pas le laisser rentrer en France », raconte Noé Pignède, le journaliste qui va aider la mère à trouver la porte de sortie pour son fils du camp d’Al-Hol, en Syrie, où furent regroupés nombre de ressortissants français après la défaite de l’organisation Etat islamique. « Une exfiltration artisanale », explique Marie Dosé, l’avocate de Nelly, qui détaille par le menu les péripéties, entre la DGSE, les autorités syriennes, les Kurdes, les particuliers sur place…
« Maltraitance d’Etat »
Kylian est désormais un ado. Un choc pour sa mère, qui ne l’avait pas vu depuis ses 6 ans. Et qui va devoir encore attendre. A peine arrivé en France, le 24 janvier 2023, le fils est envoyé au parquet des mineurs. Une différence avec d’autres pays, où « on recrée tout de suite le lien entre l’enfant et sa famille », souligne l’avocate, qui n’hésite pas à parler de « maltraitance d’Etat ».
C’est qu’il faut s’assurer que le jeune rapatrié n’a pas été (trop) endoctriné – il sera entendu à deux reprises par la DGSI –, et surtout que sa mère sera en mesure de le reprendre chez elle. Elle devra, en somme, elle aussi faire ses preuves en matière de réinsertion.
Deux semaines durant, Nelly ne pourra même pas voir son fils, confié à un foyer de l’aide sociale à l’enfance. Le temps que l’instruction judiciaire aboutisse. Et que l’audience que la juge des enfants aura avec la mère, le 8 février, lui permette d’évaluer si celle-ci « a parfaitement conscience que son fils n’est plus celui qui est parti », dit Chloé Sallée, une juge du tribunal de Nice, chargée d’une dizaine d’enfants de retour de la zone syro-irakienne (mais pas de Kylian).
Ce reportage révèle le sérieux mais aussi les angoisses de la justice antiterroriste française, confrontée au possible retour de terroristes en herbe. La mise en scène est parfois borderline, dans le style de BFM-TV. La séquence des retrouvailles de Nelly et Kylian, à l’issue de ce long parcours, est illustrée par d’émouvantes images de synthèse, sur une bande-son qu’on pourra trouver larmoyante.
Kylian, 13 ans : la vie après Daech, documentaire de Fanny Morel (Fr., 2024, 70 min). Disponible sur la plate-forme RMC BFM Play.