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Cela faisait longtemps que Jean Robert-Charrier, directeur depuis 2009 du Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, cherchait une salle supplémentaire. Après s’être cassé les dents sur les Théâtres de l’Athénée, de l’Atelier, Hébertot et sur l’Espace Cardin, il vient de trouver la perle rare. A tout juste 40 ans, cet hyperactif qui brouille les lignes du spectacle vivant en conviant dans ses murs des metteurs en scène venus du théâtre public (Alain Françon et Joël Pommerat, notamment) prend la direction des Bouffes Parisiens, où il succède à Richard Caillat. L’annonce a été faite lundi 10 juin.
Une décision de Marc Ladreit de Lacharrière, patron du groupe Fimalac Entertainment, l’actionnaire unique des Bouffes Parisiens, mais aussi de la Porte Saint-Martin, de la Michodière, du Marigny, du Théâtre de Paris et de la Salle Pleyel. « J’avais besoin d’un lieu intermédiaire où présenter les spectacles qui ne trouvent leur place ni dans la petite salle du Saint-Martin (deux cents fauteuils) ni dans sa grande de 1 050 places », explique Jean Robert-Charrier. « Avec une jauge de six cents sièges, les Bouffes Parisiens me permettront une programmation plus fine. »
L’extension de son terrain de jeu l’installe pour de bon à un poste que peu lui disputent : celle d’un patron du privé qui conçoit des saisons irriguées par l’esprit du théâtre subventionné. Raison pour laquelle, ajoute-t-il, « le Saint-Martin est aujourd’hui victime du pont qu’il a dressé vers le secteur public ». Assailli de demandes, Robert-Charrier n’a plus de marges de manœuvre : « Ma programmation est bouclée jusqu’à la fin 2026, et je dois aussi garder de la place pour des productions qui rapportent de l’argent. »
Jouer les équilibristes
Compenser le manque à gagner de projets très pointus par des succès commerciaux : le patron joue les équilibristes sur la corde de la rentabilité, en assumant de perdre financièrement ce qu’il gagne en qualité artistique. Avant de vivre une mue impulsée par ses soins, les bénéfices du Saint-Martin pouvaient atteindre 1,2 million d’euros par an. En 2023, ils n’étaient plus que d’environ 400 000 euros. La prise de risque a un coût. Pas de quoi inquiéter son actionnaire qui ne lui en demande pas davantage. « Je ne suis pas obligé de faire du stand-up ou du boulevard pour faire rentrer de l’argent. Cette liberté est précieuse. »
Robert-Charrier appliquera donc la même méthode aux Bouffes Parisiens. Situé rue Monsigny, dans le 2e arrondissement, ce théâtre à l’italienne inauguré en 1827 ne propose plus d’opérettes depuis bien longtemps. Au fil des directions successives, les saisons y sont devenues peu lisibles pour le public. Il ne se précipite d’ailleurs pas vers le spectacle à l’affiche ces jours-ci : Ranger, de Pascal Rambert, un monologue taillé sur mesure pour le comédien Jacques Weber serait loin de faire salle pleine.
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