En avril 2024, l’introduction de neuf grands tétras dans le massif des Vosges avait été vivement critiquée par des associations de protection de l’environnement, des experts et des scientifiques. Plus de six mois plus tard, la presse locale vient de révéler que plus de la moitié des oiseaux relâchés étaient morts au cours des dernières semaines.
Face à ce premier bilan, le parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges, qui porte le projet avec l’Etat, appelle à se projeter sur le temps long et défend le bien-fondé du programme.
« Statistiquement, ça n’est pas un mauvais résultat par rapport à toutes les opérations de translocation que l’on a pu étudier. Nous avons encore 44 % des effectifs transloqués [déplacés de la Norvège vers la France], affirmait, vendredi 11 novembre, Olivier Claude, le directeur du PNR des Ballons des Vosges. Les mortalités faisaient partie des événements attendus. »
Equipés de balises
Les populations de grands tétras, aussi appelés coqs de bruyère, ont très fortement décliné au cours des dernières décennies dans les Vosges, quelques individus seulement étant encore présents dans le massif.
Dans le cadre d’un projet visant officiellement à empêcher l’extinction locale de cette espèce emblématique, dix oiseaux ont été capturés fin avril en Norvège – où vivent quelque 200 000 individus –, l’un d’entre eux ayant succombé lors de cette opération.
Depuis leur arrivée, les poules et les coqs sont équipés de balises qui enregistrent leurs mouvements toutes les cinq minutes et leur localisation quatre fois par jour. Parmi les neuf animaux transportés jusqu’en France, puis relâchés dans la réserve naturelle du massif du Grand Ventron, un individu a cessé de bouger le 10 septembre à 1 heure du matin. Puis, entre la mi-septembre et la mi-octobre, quatre autres oiseaux sont morts à leur tour.
Selon le parc, trois des cinq morts s’expliquent probablement par un acte de prédation. « A partir de 17 heures, les grands tétras se perchent et dorment jusqu’à 4 heures ou 5 heures du matin, explique Fabien Diehl, chargé de mission grand tétras au PNR. Pour trois oiseaux, il y a eu un arrêt de tous les mouvements entre 23 heures et 3 heures ou 4 heures, après un petit sursaut d’activité. » Pour le quatrième oiseau, les équipes estiment qu’il aurait pu entrer en collision avec un câble ou une ligne à haute tension, puis être victime d’un prédateur. Le cadavre entier d’un seul de ces gros volatiles a été retrouvé et autopsié : les examens n’ont révélé aucune maladie ni intoxication, n’apportant pas d’explication sur la cause du décès.
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