« C’est important de revenir sur les faits, pour ne pas faire dire à cette vidéo des choses qu’elle ne dit pas. » Ces mots, ce sont ceux de la patronne de Radio France Sibyle Veil qui, ce mercredi 17 décembre, a clarifié la situation à l’égard de l’ex-salarié de France Inter Thomas Legrand devant les députés, lors de son audition à l’Assemblée nationale.
Dans « les premières heures après la publication de la vidéo » polémique entourant ce dernier et Patrick Cohen, la PDG explique avoir d’abord pris « une mesure de précaution consistant à suspendre l’émission » qu’il devait tenir à partir de la rentrée chaque dimanche, un débat contradictoire de douze minutes l’opposant à un invité.
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Puis, continue Sibyle Veil, « dans les jours qui ont suivi, nous avons décidé de concert avec Thomas Legrand que les conditions n’étaient pas réunies pour la poursuite de ce débat, qui a été supprimé de la grille ». « Ce qui veut dire que depuis le 31 août, Thomas Legrand n’a aucun contrat avec Radio France », assure cette dernière.
Les propos de la patronne de Radio France, interrogée dans le cadre de la Commission d’enquête sur la neutralité et l’indépendance du service public, démentent ainsi une information d’Europe 1, selon laquelle Radio France serait en négociations avec Thomas Legrand afin de parvenir à un accord sur son départ.
Comme l’a rappelé Sibyle Veil, ce dernier a démissionné de la rédaction de France Inter en 2022 « pour travailler en tant qu’éditorialiste pour le journal Libération, qui n’est pas soumis aux mêmes règles qu’un média de service public comme Radio France ». Depuis lors, « il a eu différents contrats », précise-t-elle.
Le retour sur l’affaire
Parmi eux, celui pour son émission hebdomadaire historique En quête de politique, qu’il a animée jusqu’en juin 2025. Mais « depuis le 31 août, il n’a plus de contrat, martèle la présidente. Il n’est pas question de négocier une démission puisqu’il n’a plus de contrat avec Radio France depuis cette date. » Son intervention dans Le téléphone sonne, en novembre, n’en était pas un.
Pour rappel, dans une séquence mise en ligne par le média d’extrême droite L’Incorrect tout début septembre, Thomas Legrand et son confrère Patrick Cohen ont été aperçus en train d’échanger avec Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, et Luc Broussy, président du conseil national du même parti.
Au cours de leur discussion, où est aussi évoquée la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027, Thomas Legrand déclare notamment : « nous avons fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi. » Des propos qui lui ont valu d’être accusé d’avoir pris parti contre la ministre de la Culture.
Dans un message publié sur X, cette dernière, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, a demandé que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs. « Complot », « infiltration », « mafia »… Très rapidement, les critiques ont fusé contre les deux journalistes, venant aussi bien du côté des Républicains, que du Rassemblement national et de La France insoumise.
« Le soupçon de complot politique ne tient pas »
Pour les raisons précédemment citées, « on ne peut pas dire que Thomas Legrand emportait France Inter et sa ligne éditoriale lors de ce rendez-vous », soutient Sibyle Veil, selon qui la confusion laissant croire que ce dernier avait une influence sur la ligne éditoriale de la radio a été « beaucoup entretenue. » Parce qu’il s’agit d’un échange privé tronqué, « le soupçon de complot politique ne tient pas », selon elle.
Les propos de la présidente de Radio France lors de son audition interviennent une semaine après celle de sa consœur Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions, elle aussi interrogée sur l’indépendance du service public dans le cadre de la Commission d’enquête à l’Assemblée nationale.
Créée dans la foulée de l’affaire Thomas Legrand-Patrick Cohen par les députés du groupe UDR d’Éric Ciotti (allié du Rassemblement national qui souhaite la privatisation de l’audiovisuel public), elle doit également auditionner les protagonistes de cette même polémique dans les jours qui viennent.
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