- Gérald Darmanin et Vanessa Perrée ont accordé un entretien au « Parisien » ce samedi.
- Le ministre de la Justice et la cheffe du futur parquet anti-criminalité donnent leurs pistes pour lutter contre le narcotrafic.
- Un combat qui passe notamment par la traque de l’argent « sale ».
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La France en proie au narcotrafic
Un duo qui compte lutter contre « la terreur »
que représentent aujourd’hui les narcotrafiquants. Dans un entretien croisé accordé au Parisien
ce samedi 20 décembre, Gérald Darmanin et Vanessa Perrée (nouvelle fenêtre) ont partagé leur vision de la lutte contre le narcotrafic. Parmi les mesures avancées par le garde des Sceaux et la future patronne du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), qui entrera en fonction en janvier, le combat contre l’argent « sale »
qui fait vivre ce business.
« Suivre » l’argent
Pour lutter contre ces « organisations criminelles qui veulent se substituer à l’autorité de l’État »
, le Pnaco aura notamment comme priorité d’analyser cette criminalité « très mouvante »
en passant par ses « circuits financiers »
décrits comme « complexes »
par le ministre de la Justice. « Il convient notamment de répondre à une question essentielle : où passent ces 6 milliards d’euros générés par le trafic de stupéfiants ? »
, s’est-il interrogé dans les pages du quotidien (nouvelle fenêtre), expliquant qu’il souhaite « suivre l’argent »
.
Une vision avec laquelle Vanessa Perrée tombe d’accord (nouvelle fenêtre). Plaidant pour un changement de « paradigme »
, elle révèle le fonctionnement de ce nouveau parquet dont elle aura la lourde charge. « Sur tous les dossiers, deux magistrats travailleront ensemble : un spécialiste du crime organisé et un spécialiste du volet financier. »
Un binôme essentiel pour la magistrate qui rappelle « que les saisies de drogue, c’est bien, mais que ce sont l’argent et les biens qui permettent aux trafics de perdurer »
. L’objectif de cette organisation est de lutter contre ces entreprises qui « récupèrent du liquide sale pour payer des salaires »
ou ces « commerces de proximité qui servent de blanchisseuses »
aux bénéfices du trafic.
Autre piste à ne pas négliger : les « investissements massifs à l’étranger ».
Un pari difficile à tenir, lorsqu’on sait à quel point les saisies d’argent sont déjà complexes en France. Pour faire face à ce défi, la magistrate rappelle que certaines collaborations existent déjà. C’est le cas en Europe mais aussi « avec Dubaï »
, par exemple. « La collaboration est désormais plus efficace »
, assure-t-elle, citant la saisie de « 82 appartements dans le cadre d’un dossier marseillais ». « Les mis en cause, qui sont en prison, vont donc arrêter de toucher tous les mois des loyers. »
De son côté, Gérald Darmanin affirme avoir eu des échanges avec ses homologues étrangers, dont les Émirats et l’Espagne qui « deviennent moins paradisiaques
pour les narcotrafiquants
(nouvelle fenêtre), car leur argent y est traqué et ils peuvent en être extradés »
.
Plus de 30 personnes dédiées
Pour mener à bien sa mission, le Pnaco, qui doit être opérationnel dès le 5 janvier, sera composé de « 16 magistrats, 13 greffiers et une équipe d’assistants spécialisés et d’officiers de liaison »
, a dévoilé Vanessa Perrée. Des agents qui viennent de différents domaines, dont les finances publiques, les douanes ou encore l’administration pénitentiaire. « Plus de 30 personnes seront donc dédiées à la lutte contre la criminalité organisée »
, a conclu la magistrate, ajoutant que « dix magistrats de plus arriveront en septembre ».
Une équipe spécialisée qui aura la charge des (très) nombreux dossiers en cours dans le domaine, avec plus de 170 affaires qui les attendent. Parmi elles, la spectaculaire évasion de Mohamed Amra au péage d’Incarville qui avait fait deux morts parmi les agents pénitentiaires.







