La diplomatie américaine a alerté mercredi 24 avril d’une possible offensive « imminente » de paramilitaires au Soudan dans la ville d’El-Fasher, au Darfour, un carrefour pour l’aide humanitaire dans ce pays au bord de la famine, ravagé par plus d’un an de guerre.
« Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur El-Fasher », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, dans un communiqué. « Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d’une offensive imminente des Forces de soutien rapide [FSR] et de ses milices affiliées », a-t-il ajouté.
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, sous le commandement du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.
El-Fasher fait office de carrefour humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d’habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque-là été relativement épargnée par les combats. Mais depuis la mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.
Politique de la terre brûlée
« Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l’ouest d’El-Fasher », a relevé Matthew Miller, ajoutant qu’une offensive sur la ville « mettrait les habitants dans une situation de danger extrême ». El-Fasher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.
Vendredi 19 avril, l’ONU avait déjà alerté au sujet de ce « nouveau front » du conflit. Il pourrait « entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour » et freiner encore plus la distribution de l’aide humanitaire dans une région « déjà au bord de la famine », selon la sous-secrétaire générale de l’ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
La région a déjà été ravagée il y a plus de vingt ans par la politique de la terre brûlée menée par les janjawids – les miliciens revendiquant leur origine arabe, depuis enrôlés dans les FSR – sous la présidence d’Omar Al-Bachir. Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023, a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l’ONU.