Antisémitisme décomplexé, ou dérapage d’un jeune homme quelque peu dérangé ? Le doute subsiste, légitimement, à l’issue du procès, qui s’est tenu jeudi 12 décembre devant la 23e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Le prévenu, Mehmet D., un jeune homme de 28 ans, avait mis en émoi les réseaux sociaux pour avoir porté, le 21 octobre 2024, dans le métro et dans les rues de Paris, un maillot de football de l’équipe de Manchester floqué dans le dos de la formule « anti juif ».
Le tribunal l’a condamné à six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, ainsi qu’à une injonction de soins psychiatriques et à un stage de citoyenneté. Il a été condamné, en outre, à verser 1 euro symbolique ainsi que 500 euros à chacune des quatre associations parties civiles dans le procès : le Mouvement international contre le racisme et l’antisémitisme (Micra), la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), SOS Racisme et l’Organisation juive européenne (OJE). Une condamnation relativement clémente, en l’absence de casier judiciaire du prévenu.
A l’issue de l’audience, difficile de déterminer si Mehmet D. avait agi sous le coup d’un moment de folie et de colère ou avec froideur et détermination. Repéré grâce aux réseaux sociaux sur la ligne 13 du métro, il avait été retrouvé dans un magasin Carrefour City, dans la rue de Vaugirard, où une vendeuse avait refusé de le servir, puis dans un restaurant. Une enquête de voisinage a rapidement permis d’établir que l’établissement appartenait à un cousin éloigné de Mehmet D. qui, une fois appréhendé et placé en garde à vue, a reconnu les faits, bien que le T-shirt ait été détruit.
« Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça »
« Je ne referai plus ce genre de choses. Je présente toutes mes excuses à la communauté juive. Il n’y a eu aucune incitation à la violence. C’était dû à ma dépression. Je n’arrivais pas à trouver du travail, j’ai eu une déception amoureuse, il y a eu une accumulation de choses », a déclaré d’emblée le jeune homme en jean et doudoune, crâne rasé et tatouage dans le cou. Tout au long du procès, cet argumentaire restera sa ligne de défense. Il n’a jamais expliqué le pourquoi ni les raisons de son geste, refusant de confirmer ses propos en garde à vue, puis devant le psychiatre et le psychologue, où il faisait état d’une colère liée à la situation au Proche-Orient.
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