Des rémunérations « stratosphériques » et des écarts « indécents » : dans une étude publiée mardi 30 avril, Oxfam affirme que les patrons du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que le salaire moyen dans leurs entreprises en 2022.
« Les richesses produites continuent de croître » dans les entreprises du CAC 40, « pourtant cette redistribution des richesses est inéquitable », se désole Oxfam dans son rapport intitulé « Cash 40 : trop de millions pour quelques hommes ». En 2022, les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que leurs salariés, soit une augmentation d’environ 17 % depuis 2019, précise l’association. Ces écarts s’expliquent, selon l’ONG, par « des rémunérations de dirigeants démesurées et déconnectées » : en 2022, ces patrons ont gagné en moyenne 6,66 millions d’euros, soit 27 % de plus que trois ans auparavant. Les salariés ont, de leur côté, vu leurs salaires n’augmenter que de 9 %.
Teleperformance et Carrefour visés
Certaines entreprises « creusent davantage les inégalités » que d’autres, relève Oxfam. Teleperformance affiche « de loin » le plus grand écart de rémunération, affirme ainsi l’organisation, son président-diracteur général (PDG), Daniel Julien, ayant gagné 1 453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise en 2022, avec ses 19,7 millions d’euros.
Selon l’ONG, la part fixe des rémunérations de dirigeants représentait en moyenne 27 % en 2022. Les parts variables ou en actions – basées surtout sur des critères financiers et de court terme définis par les actionnaires –représentaient, elles, 69 %. Juste après arrive Carrefour, dont le PDG a gagné 426 fois plus, un écart qui s’explique « par un très faible salaire moyen », précise Oxfam.
Contactée directement, Teleperformance affirme que l’écart entre dirigeant et salariés est « purement théorique et non réel ». L’entreprise explique que la rémunération de son PDG incluait des « actions de performance », ce qui signifie que la « valeur retenue » n’est « pas celle que les bénéficiaires vont recevoir », en fonction des objectifs réalisés et de l’éventuelle « baisse du cours de Bourse ». Carrefour affirme aussi que les calculs d’Oxfam ne correspondent « pas à une quelconque réalité », puisqu’ils rapportent la rémunération de M. Bompard à celle des 334 000 salariés à travers le monde – dont une majorité au Brésil –, malgré des « écarts de pouvoir d’achat » entre pays.