- Sjaella
Meridiane – Spoken
Œuvres vocales en différentes langues par l’ensemble Sjaella.
Après nous avoir émerveillés, en 2021, avec Origins, un disque consacré à la notion de cycle, l’ensemble Sjaella produit aujourd’hui une semblable séduction avec un programme inspiré par les langues de minorités ethniques. Du livonien (qui sonne comme un mélange de finnois et d’estonien, et dont la dernière locutrice est morte en 2013) au griko salentino (dialecte néo-grec en usage dans les Pouilles), près d’une dizaine d’idiomes régionaux (pas toujours rares, à l’instar du breton et du basque) se déploient dans de magnifiques extensions de chansons traditionnelles. Des polyphonies très ouvragées, parfois sous la plume de compositeurs contemporains tels que l’Américain David Lang, qui puisent dans la large palette expressive du sextuor a cappella formé par les chanteuses allemandes. Qu’il s’agisse d’appels au travail en sorabe (les échos hypnotiques de Hanka), du culte symbolique de la fleur en nahuati du Mexique (les volutes spatialisées de Flower Song) ou de l’amour rêvé en gaélique irlandais (les bruissements de She Moved Through the Fair), Sjaella prouve que, grâce à la musique, aucune langue ne saurait disparaître. Pierre Gervasoni
Fuga Libera/Outhere Music
- Brandi Carlile
Returning to Myself
L’accalmie des sorties de fin d’année est l’occasion de repêcher le notable huitième album de Brandi Carlile, paru en octobre. Pour la chanteuse et compositrice américaine âgée de 44 ans, l’année 2025 a été celle des collaborations prestigieuses, avec Elton John et Joni Mitchell, ou encore Soundgarden au Rock and Roll Hall of Fame. Si Returning to Myself prône un retour introspectif avec ses textes, il n’en est pas moins un effort collectif, coproduit et joué par Andrew Watt (Rolling Stones, Lady Gaga) et Aaron Dessner (Taylor Swift, Sharon Van Etten). Sur une mise en son rock éthérée dans le sillage du gracieux Wrecking Ball d’Emmylou Harris, la militante LGBT interroge sur le rapport au temps (A War With Time, avec Bon Iver), sur la solitude (No One Knows Us), sur la foi (Church & State), rend hommage à la grande Joni. Avec l’intimiste A Woman Oversees, nappé de chœurs gospel et d’un piano Rhodes, son exceptionnel falsetto survole très haut ses racines americana. Franck Colombani
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