- Sergueï Rachmaninov
Préludes
Jean-Baptiste Fonlupt (piano).
Des 24 préludes de Sergueï Rachmaninov (1873-1943), issus de trois périodes créatrices distinctes, on connaît surtout celui, en ut dièse mineur, qui a durablement émergé des Morceaux de fantaisie, Op. 3. Jean-Baptiste Fonlupt en fait une sorte de lever de rideau des deux cycles (op. 23 et op. 32) qui constituent l’essentiel du programme. Une entrée en matière d’une extraordinaire qualité de nuances, dans la douceur comme dans l’éclat. Des accords posés comme les bases d’une perspective, des déferlantes portées par un rubato qui équilibre spontanéité et contrôle du débit, une plasticité qui relève de l’apparition forcenée puis du mirage éthéré. On pourrait craindre qu’une telle plénitude, atteinte d’emblée, ne puisse se reproduire dans les pages suivantes. Il n’en est rien. Le toucher d’une richesse infinie, le phrasé d’une justesse renouvelée, l’art du déploiement dans l’espace ne cessent d’impressionner. Quant à la virtuosité, elle paraît si naturelle qu’elle élimine toute sensation de prodige technique. Dans le lyrisme délicat comme dans la puissance tellurique, Jean-Baptiste Fonlupt semble un alter ego de Sergueï Rachmaninov. Dans l’interprétation très personnelle de certains passages aussi… car le compositeur s’autorisait de semblables libertés de relecture. Pierre Gervasoni
La Dolce Volta/Outhere Music
- Hayley Williams
Ego Death at a Bachelorette Party
Ce n’est pas un hasard si ce troisième album solo de Hayley Williams coïncide avec la fin du contrat qui liait depuis vingt ans son super groupe de rock Paramore avec Atlantic. Cette échappée solitaire sort en effet sur le propre label de sa formation de Nashville, ironiquement baptisée « Post Atlantic ». La chanteuse règle d’ailleurs ses comptes avec la major sur Ice on My OJ. Commercialement, Hayley Williams ne perd pas le nord pour autant, puisque son disque était curieusement disponible cet été uniquement chez sa marque de coloration capillaire, Good Dye Young, puis sur les plateformes de streaming. Ce dernier sort enfin au format physique, augmenté de deux titres, dont le très R’n’B Good ol’Days. En dépit de sa densité – 20 morceaux –, cette « mort d’ego lors d’un enterrement de vie de jeune fille » aligne une impressionnante collection de singles instantanés, une pop-rock teintée de trip-hop qui n’est pas sans rappeler la Britannique Dido. On s’incline ainsi devant l’imparable single Glum, la douceur onirique de Dream Girl in Shibuya ou l’exotique Love Me Different. Franck Colombani
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