- Camille Erlanger
La Sorcière
Divers solistes, chœur et orchestre de la Haute Ecole de musique de Genève, Guillaume Tourniaire (direction).
L’histoire d’un amour impossible (entre Enrique, le chef des archers de Tolède, et Zoraya, une Maure qui soulage les pauvres avec des potions de son cru) sur fond de religion vengeresse (la terrible Inquisition du XVIe siècle). Une partition qui joue avec les masses (chœur et orchestre) autant qu’avec les lignes (vingt-quatre rôles de solistes !). Créée en 1912, La Sorcière, de Camille Erlanger (1863-1919), méritait bien de sortir de l’oubli dans une « superproduction », au sens hollywoodien, de la Haute Ecole de musique de Genève, qui en restitue parfaitement la dimension spectaculaire pendant les deux heures trente que dure cet opéra en quatre actes. Grandiose, à l’instar du lever de rideau terminal sur le tribunal ecclésiastique, ou intimiste, dans les méandres sentimentaux du couple central, l’écriture d’Erlanger est toujours d’une grande efficacité dramatique. La prestation de l’équipe dirigée par Guillaume Tourniaire promet de faire date, avec le noble Enrique de Jean-François Borras, l’enivrante Zoraya d’Andreea Soare et, entre autres, la sulfureuse Afrida (une vraie sorcière) de Marie-Eve Munger. Pierre Gervasoni
B-records/Outhere Music.
- Elisabeth Leonskaja
Piano Works
Sonate pour piano, op. 1, de Berg. Variations pour piano, op. 27, de Webern. Trois pièces, op. 11, Six petites pièces pour piano, op. 19, Suite, op. 25, de Schoenberg.
En proposant la quasi-intégrale de l’œuvre pianistique de Berg, Webern et Schoenberg au mitan de sa maturité, « Lisa » Leonskaja installe les trois compositeurs de la seconde Ecole de Vienne dans l’exacte continuité de la littérature qui les a précédés, donnant à l’écriture atonale l’évidence et les contours d’une limpidité toute mozartienne. Beauté sonore, sens des contrastes, naturel, la musicienne austro-russe enveloppe la Sonate no 1, de Berg, d’une expressivité baignée de couleurs, tandis que les Variations, op. 27, de Webern, dont le sérialisme abstrait pourrait facilement assécher le propos, se parent d’un lyrisme étonnant. Si les Trois pièces, op. 11, de Schoenberg, réclament un surcroît d’inspiration, la Suite, op. 25, entre néobaroque et dodécaphonique, libère un magnétique sentiment de plénitude, porté par le jeu à la fois noble et délié de l’interprète. Marie-Aude Roux
Warner Classics.
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