POLITIQUE – Comme une ambiance de rentrée des classes. Ce lundi 13 octobre, le gouvernement était réuni au grand complet pour de premières discussions autour de Sébastien Lecornu. Quelques heures seulement après l’annonce de leur nomination, et alors que le vote d’une motion de censure plane plus que jamais comme une menace au-dessus de leur tête, les ministres ont notamment été associés à la préparation du discours de politique générale que prononcera le Premier ministre mardi devant les députés.
Le chef du gouvernement avait fait le choix d’ouvrir la première partie de la réunion à la presse. Son propos introductif a donc été filmé et retransmis en direct sur les chaînes info. Un choix tout sauf anodin, qui en rappelle un autre. En juillet 2023, Emmanuel Macron avait lui aussi pris la parole au début d’un Conseil des ministres, organisé immédiatement après un remaniement. « Être ministre, ce n’est pas parler dans le poste », avait-il indiqué aux membres du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne, se jouant du fait qu’il était filmé.
Le casting du gouvernement Lecornu II n’arrange rien à son espérance de vie
Chez Sébastien Lecornu, on retrouve cette même mise en scène du rôle de chacun. Si le discours a été sensiblement plus court que celui du chef de l’État en 2023, le Premier ministre a glissé quelques messages très politiques, au détour de consignes en apparence banales.
« Notre seule mission est de surpasser cette crise politique dans laquelle nous nous trouvons et qui sidère une partie de nos concitoyens », a-t-il déclaré. Manière de dramatiser les enjeux, alors qu’il a enjoint à ses ministres d’être conscients d’avoir « une responsabilité devant l’Histoire ». « Vous êtes regardés dans tous les détails, si je puis dire, de votre action, de vos expressions, de votre vie », avait quant à lui affirmé Emmanuel Macron. On pourrait croire que l’un et l’autre se répondent si deux ans ne séparaient pas leurs déclarations.
Assis entre son directeur de cabinet Philippe Gustin et la ministre des Armées Catherine Vautrin, le locataire de Matignon a profité du fait que les caméras soient présentes pour « remercier » ses ministres d’avoir accepté la mission, le précédent gouvernement ayant coulé au bout de quinze heures. « Je mesure chaque risque que vous avez pris, parce que vous êtes issus parfois de la société civile, et donc vous quittez des situations peut-être plus confortables pour servir votre pays », a-t-il dit.
« Humilité et exemplarité »
Il leur a aussi demandé « d’avoir une éthique collective, personnelle, qui soit parfaite ». Un conseil qui ressemble à s’y méprendre à celui distillé par Emmanuel Macron. « Dans des temps où la violence langagière, parfois les comportements inappropriés, prennent trop de place dans la vie publique, il est attendu du gouvernement de la France d’être exemplaire », défendait-il. « Liberté, humilité, et bien sûr exemplarité », assoit Lecornu.
En outre, il appelle ses équipes à veiller à « mettre les égos de côté » et met sciemment en scène l’image d’un Premier ministre au plus près de son gouvernement, promettant d’assurer la « diversité des sensibilités ». « Je souhaite un gouvernement de personnalités libres », a-t-il poursuivi, dans la veine de ce qu’avait entrepris François Bayrou, qui vantait un gouvernement choral. Dans un propos plus politique, l’ex-ministre des Armées s’est lui aussi attaqué au mur de la dette. « On va devoir faire des économies et donc être exigeants sur la tenue du déficit public, sur la manière dont l’argent du contribuable est dépensé », a-t-il exprimé. Le président mettait sur la table, en 2023, « des textes importants en matière d’économies ». Bref, Lecornu fait du Macron… et c’est pour ça qu’il a été nommé.
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