mardi, mai 7
Sam Altman, le 18 janvier 2024, à Davos (Suisse).

Le retour est triomphal. Sam Altman, patron d’OpenAI, a réintégré, vendredi 7 mars, le conseil d’administration (CA) de l’entreprise qu’il a cofondée, plus de quatre mois après une crise de gouvernance majeure au sein de l’éditeur du programme leader de l’intelligence artificielle (IA) générative, ChatGPT.

Le trentenaire avait été licencié abruptement mi-novembre par l’ancien conseil puis réembauché quelques jours plus tard, à la suite de la levée de boucliers des cadres et de l’écrasante majorité des employés d’OpenAI. Microsoft, investisseur majeur d’OpenAI, avait soutenu Sam Altman et obtenu un siège d’observateur au conseil après la révocation des membres critiques du patron.

Dans un communiqué publié vendredi, OpenAI a annoncé le retour de Sam Altman au CA et l’arrivée de trois nouveaux membres, qui sont trois femmes : Sue Desmond-Hellmann, ancienne PDG de la Fondation Bill et Melinda Gates, Nicole Seligman, une ancienne présidente de Sony et Fidji Simo, la dirigeante d’Instacart et ancienne directrice de l’application mobile de Facebook.

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La start-up californienne a mis en avant l’expérience des trois nouveaux membres « dans la direction d’organisations internationales et dans la gestion d’environnements réglementaires complexes, notamment dans les domaines de la technologie ».

« Leur expérience et leur qualité de dirigeants permettront au conseil de superviser la croissance d’OpenAI et de s’assurer que nous poursuivons la mission d’OpenAI, qui est de veiller à ce que l’intelligence artificielle générale profite à l’ensemble de l’humanité », a déclaré Bret Taylor, président du conseil d’administration d’OpenAI, cité dans le communiqué.

Star de la Silicon Valley

Le succès de ChatGPT, à la fin de l’année 2022, a propulsé son créateur au rang de star de la Silicon Valley et lancé la vogue de l’IA générative (production de contenus sur simple requête en langage courant). Pour Sam Altman et ses collègues, l’objectif est d’améliorer la technologie afin de la doter de capacités cognitives similaires ou supérieures à celles des humains − ce qu’ils appellent « l’IA générale ».

En novembre dernier, quatre membres du conseil d’administration avaient justifié le renvoi de Sam Altman par son manque de « transparence » vis-à-vis d’eux, sans donner davantage de précision. L’entreprise a demandé à un cabinet d’avocats d’étudier les raisons qui ont conduit au licenciement brusque de M. Altman. Après des mois d’enquête, il s’est avéré que cette éviction était la « conséquence d’une rupture des relations et d’une perte de confiance » entre M. Altman et l’ancien conseil d’administration, a déclaré OpenAI, vendredi.

Selon des médias américains, plusieurs membres du CA reprochaient à l’ancien élève de Stanford de privilégier le développement accéléré d’OpenAI, quitte à se poser moins de questions sur les possibles dérives potentielles de l’IA.

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« Je suis heureux que toute cette affaire soit terminée », a déclaré M. Altman aux journalistes, vendredi, ajoutant qu’il avait été choqué de voir des personnes divulguer des informations pour essayer de nuire à l’entreprise ou à sa mission et « nous monter les uns contre les autres ». Il a également déclaré avoir tiré les leçons de cette expérience et s’est excusé pour une dispute avec un ancien membre du conseil d’administration qu’il aurait pu gérer « avec plus de grâce et d’attention ».

Plainte d’Elon Musk

La semaine dernière, Elon Musk, un des cofondateurs d’OpenAI, a porté plainte contre la société, accusant Sam Altman et la direction actuelle d’avoir « trahi » sa mission initiale − selon ses statuts d’organisation à but non lucratif, elle devait œuvrer pour le bien de l’humanité et concevoir des programmes d’IA en « open source » (accessibles, modifiables, utilisables et redistribuables par tous).

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Le patron de Tesla, SpaceX et X a quitté l’organisation en 2018 et fait désormais partie de ses critiques les plus virulents. Il reproche notamment à OpenAI son partenariat avec Microsoft, qui a investi quelque 13 milliards de dollars dans la start-up ces dernières années. Les deux entreprises commercialisent des services d’IA pour les développeurs et les particuliers, et rivalisent avec Google et les autres géants de la tech dans ce domaine.

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Sam Altman et d’autres cadres ont détaillé leurs contre-arguments mardi, avec des e-mails à l’appui, pour montrer qu’Elon Musk ne s’était pas opposé à l’idée de transformer OpenAI afin de mener à bien sa mission de construire l’IA générale dans l’intérêt commun. En 2017, « nous avons tous compris que nous allions avoir besoin de beaucoup plus de capitaux pour réussir notre mission – des milliards de dollars par an, ce qui était bien plus que ce qu’aucun d’entre nous, en particulier Elon, pensait pouvoir lever en tant qu’organisation à but non lucratif », expliquent-ils notamment.

L’année dernière, Elon Musk a fondé sa propre société d’intelligence artificielle, xAI.

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Le Monde avec AP et AFP

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